13 morts par les tirs de l'armée israélienne lors de son incursion dans le sud de la Syrie

L'armée israélienne a annoncé de son côté que six soldats israéliens avaient été blessés, dont trois gravement, lors des échanges de tirs pendant l'opération lancée pour arrêter des "suspects".

La télévision syrienne officielle a rapporté un "agression israélienne" sur le village de Beit Jinn, situé au sud-ouest de Damas, au pied du mont Cheikh, qui a fait 13 morts, selon un nouveau bilan.

Un précédent bilan de la télévision officielle faisait état de "dix martyrs, dont des femmes et des enfants".

L'agence de presse officielle "SANA" a cité le directeur de la santé de la banlieue de Damas, Tawfiq Hasaba, disant que "11 blessés ont été transférés à l'hôpital Al-Mouwasat à Damas et 3 blessés à l'hôpital de Qatana dans la banlieue de Damas, certains nécessitant des interventions chirurgicales".

À l'hôpital Al-Mouwasat, des photographes de l'AFP ont vu plusieurs blessés recevoir des soins, dont Iyad Taher, qui a été touché par un éclat dans le cou.

Taher a déclaré à l'AFP, allongé sur le lit entouré de membres de sa famille : "Nous dormions et nous nous sommes réveillés à trois heures du matin au son des balles".

Il a ajouté : "L'armée israélienne remplissait le village de véhicules blindés et de soldats, puis ils se sont retirés et l'aviation est arrivée, commençant à faire tomber des obus", précisant : "Ils ont bombardé plusieurs maisons et la mosquée".

L'armée israélienne a déclaré de son côté que ses forces avaient mené "dans la nuit de jeudi à vendredi... une opération visant à arrêter des suspects appartenant à l'organisation islamique", qu'elle a dit être "actifs" dans le village "et menant des activités terroristes contre des civils en Israël".

Elle a indiqué dans un communiqué que "l'opération a été entièrement réalisée et que tous les suspects ont été arrêtés et un certain nombre de terroristes ont été éliminés", notant que six soldats israéliens avaient été blessés, dont trois gravement, lors des échanges de tirs.

L'organisation islamique est un groupe actif au Liban, allié au mouvement de résistance islamique (Hamas). Israël a déjà ciblé plusieurs de ses dirigeants lors de sa dernière guerre avec le Hezbollah.

Affrontements

Le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé "l'acte criminel commis par une patrouille de l'armée d'occupation israélienne" en s'introduisant à Beit Jinn, puis en "ciblant par des bombardements délibérés et sauvages", considérant cela comme "un crime de guerre complet".

Il a tenu Israël "entièrement responsable de l'agression grave et des victimes et destructions qui en ont résulté", avertissant que "la poursuite de ces agressions criminelles menace la sécurité et la stabilité de la région".

L'opération d'incursion a commencé à l'aube.

Le chef de Beit Jinn, Abdul Rahman Al-Hamrawi, a déclaré à l'AFP que "l'armée d'occupation israélienne s'est introduite à Beit Jinn pour arrêter trois jeunes de la localité, ce qui a entraîné des affrontements avec les habitants qui ont tenté de s'opposer à l'incursion".

Il a ajouté qu'ensuite, "les forces d'occupation israélienne ont bombardé le village par drones et par artillerie", causant des victimes.

Ce n'est pas la première fois que les forces israéliennes s'introduisent dans le village et arrêtent des jeunes.

Le 12 juin, le ministère de l'Intérieur syrien a accusé les forces israéliennes d'avoir "kidnappé sept personnes" de Beit Jinn et d'avoir tué un civil "suite à des tirs directs sur les habitants".

L'armée israélienne avait alors annoncé "l'arrestation de plusieurs saboteurs de l'organisation terroriste Hamas, qui tentaient de promouvoir des plans terroristes variés contre les citoyens de l'État d'Israël" et ses forces en Syrie.

Ridwan Othman, un habitant du village transféré à l'hôpital, a déclaré : "L'armée israélienne s'est introduite à l'aube. La dernière fois, ils ont pris sept jeunes et ne les ont pas ramenés. Cette fois, quand ils se sont introduits, les jeunes n'ont pas gardé le silence".

Il a ajouté : "Nous ne resterons pas silencieux face à l'injustice, nous avons résisté à Bachar al-Assad pendant 14 ans et nous résisterons à l'entité sioniste. C'est notre terre et ce sont nos maisons. Ce sont eux qui entrent chez nous à l'aube alors que nous sommes endormis en sécurité".

Déplacement

L'escalade a poussé des dizaines de familles à fuir le village situé à quarante kilomètres de Damas.

Peu après la chute du précédent régime par une coalition de factions armées le 8 décembre 2024 après un conflit de près de 14 ans, Israël a mené des centaines de frappes sur des sites militaires syriens, affirmant que son objectif était d'empêcher les nouvelles autorités de s'emparer de l'arsenal de l'ancien armée.

Elle a également annoncé à plusieurs reprises avoir mené des opérations terrestres et arrêté des personnes soupçonnées de mener des activités "terroristes" dans le sud de la Syrie. Parallèlement, ses forces se sont introduites dans la zone tampon du Golan, établie en vertu de l'accord de désengagement de 1974.

Les deux pays n'ont pas de relations diplomatiques et sont officiellement en guerre depuis des décennies. Cependant, ils ont eu plusieurs rencontres à niveau ministériel ces derniers mois sous l'égide américaine.

En septembre, le président syrien Ahmad al-Shara a averti depuis New York du risque de nouvelles perturbations au Moyen-Orient si son pays et Israël ne parvenaient pas à un accord de sécurité, accusant Israël de "retarder les négociations et de continuer à violer notre espace aérien et à pénétrer nos terres".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a visité la semaine dernière les forces israéliennes déployées dans la zone tampon en dehors de la zone occupée des hauteurs du Golan syrien, soulignant l'importance de leur présence, une démarche que Damas a considérée comme "illégale".