Comment une incursion israélienne à Beit Jinn en Syrie s'est transformée en affrontement direct ?

Dans une escalade sans précédent, 13 Syriens ont été tués par des bombardements d'artillerie et de roquettes israéliennes qui ont ciblé Beit Jinn dans la banlieue de Damas ce vendredi matin, après que les habitants du village ont encerclé des soldats israéliens qui s'étaient infiltrés pour procéder à une arrestation, ce qui a entraîné la blessure de 6 officiers et soldats israéliens.

L'armée israélienne a déclaré que l'attaque menée sur le territoire syrien s'inscrit dans le cadre de l'opération "Spear of Bashan" lancée après la chute du régime du président syrien déchu Bachar el-Assad le 8 décembre dernier, ciblant des sites militaires à travers le pays, tout en prenant le contrôle de sites stratégiques, dont le mont Hermon, ainsi que de la zone tampon.

Bien que l'armée israélienne ait mené plusieurs opérations ces derniers mois pour arrêter ceux qu'elle prétend être des "suspects" dans les zones adjacentes où elle s'est infiltrée en Syrie, au milieu de tentatives populaires de résistance, l'opération à Beit Jinn est la première à entraîner des blessures parmi les soldats d'occupation, ce qu'Israël a considéré comme "exceptionnel".

L'armée d'occupation a confirmé que 6 soldats et officiers de réserve avaient été blessés lors d'un échange de tirs avec ce qu'elle a qualifié de "combattants syriens", après qu'une unité de la brigade de parachutistes de réserve (brigade 55) sous le commandement de la division 210 se soit infiltrée pour arrêter 3 suspects du groupe islamique.

Elle a ajouté que ses forces avaient arrêté les trois, et alors que l'unité était sur le point de se retirer du village, des "combattants ont ouvert le feu sur elle" à environ 200 mètres, entraînant un échange de tirs et l'utilisation d'avions de chasse, de chars et de drones pour attaquer plusieurs sites dans le village.

L'armée israélienne a poursuivi en disant que "les combattants ont attaqué un véhicule Hummer des forces israéliennes, ce qui a blessé les soldats qui s'y trouvaient, entraînant sa panne et son abandon avant d'être bombardé par la suite".

L'Autorité de diffusion israélienne a rapporté que l'armée israélienne s'est retirée aux abords du village de Beit Jinn après deux heures de combats, et a évacué les blessés par hélicoptère vers des hôpitaux en Israël.

Le journal Yedioth Ahronoth a indiqué que l'unité israélienne qui s'était infiltrée à Beit Jinn avait été encerclée, ce qui a nécessité des bombardements pour la libérer.

La radio de l'armée israélienne a rapporté, citant des responsables de la sécurité, que l'armée s'était préparée pour l'opération à Beit Jinn depuis un mois, prétendant qu'elle contenait une "infrastructure terroriste vaste".

L'armée israélienne a affirmé que les trois personnes que l'opération visait à arrêter appartenaient au groupe islamique, prétendant qu'elles "faisaient la promotion de récits contre Israël et planifiaient de cibler des Israéliens, et qu'un d'eux avait déjà tiré un missile et posé des explosifs".

L'armée d'occupation n'a pas révélé l'identité des personnes qu'elle a enlevées, mais a déclaré qu'elle "les avait arrêtées dans leur lit", tandis que des informations rapportées par la presse israélienne indiquent que deux d'entre elles sont des frères.

Le groupe islamique est une organisation active au Liban, et Israël a déjà ciblé plusieurs de ses dirigeants lors de sa dernière guerre au Liban.

Pour sa part, l'agence de presse syrienne a confirmé que les habitants de Beit Jinn avaient résisté aux forces d'occupation et s'étaient engagés dans des affrontements avec elles pendant leur opération la nuit dernière, avant que l'armée israélienne ne lance des frappes aériennes sur le village, entraînant la mort de 13 Syriens, dont 5 d'une même famille, et blessant 25 autres selon un premier bilan.

Le chef du village, Abdel Rahman al-Hamrawi, a déclaré à l'Agence France-Presse que l'armée d'occupation israélienne s'était infiltrée à Beit Jinn pour arrêter 3 jeunes de la localité, ce qui a entraîné des affrontements avec les habitants qui ont tenté de résister à l'infiltration.

Suite à cela, les forces d'occupation israéliennes ont bombardé le village par drones et par artillerie, selon al-Hamrawi.

L'agence de presse syrienne a également confirmé le déplacement de dizaines de familles de Beit Jinn vers des zones proches et plus sûres en raison des tensions dans la région.

Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté que les bombardements israéliens avaient causé d'importants dégâts aux maisons et aux magasins du village.

Pour sa part, le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné "l'agression criminelle israélienne à Beit Jinn qui a entraîné des affrontements en raison de la résistance des habitants".

Il a souligné que les forces d'occupation, en raison de leur échec à s'infiltrer, avaient ciblé le village de Beit Jinn par des bombardements sauvages qui ont conduit à un massacre horrible faisant des enfants et des femmes parmi les victimes, selon sa description.

Il a tenu l'occupation israélienne responsable de cette agression grave, affirmant que la poursuite des attaques menace la sécurité de la région.

Le gouvernement syrien a précédemment appelé la communauté internationale à intervenir pour mettre fin aux violations israéliennes qui se poursuivent depuis la chute du régime d'Assad il y a environ un an.

Les forces syriennes tentent également d'éviter de s'engager avec les forces israéliennes infiltrées dans les zones frontalières afin de ne pas donner de prétextes à une escalade militaire majeure, alors que le pays tente de retrouver sa force après 14 ans de guerre dévastatrice, selon des analystes qui ont parlé à Al Jazeera.

Les analystes ont déclaré que le gouvernement syrien travaille à conclure un accord de sécurité par l'intermédiaire d'intermédiaires avec Israël pour qu'il se retire des zones où il s'est infiltré et a déclaré avoir pris le contrôle ces derniers mois, considérant qu'il est confronté à des "options difficiles" mais recourant à une "diplomatie intelligente" pour éviter une "explosion" dans le contexte des situations critiques que traverse la région.

Cependant, l'Autorité de diffusion israélienne a précédemment rapporté que les discussions concernant la signature d'un accord de sécurité entre Israël et la Syrie "ont atteint une impasse", ajoutant que les responsables israéliens rejettent la demande du président syrien Ahmad al-Shara de se retirer de tous les points syriens occupés par l'armée israélienne il y a environ un an.

Beit Jinn est située à la bordure orientale du mont Hermon dans une région à la topographie complexe près de la frontière avec le Golan syrien occupé, et la région est considérée d'une importance stratégique majeure pour Israël, qui prétend que les lignes de contrebande d'armes dans la région se trouvent à proximité du village.

L'incursion menée par l'armée d'occupation à Beit Jinn ce vendredi matin n'est pas la première du genre, car le 12 juin dernier, des forces israéliennes ont mené une opération nocturne dans le village, entraînant la mort d'un civil et l'arrestation de 7 personnes.

Le 11 août précédent, une force composée d'environ 100 soldats s'est infiltrée à Beit Jinn et dans ses environs.

Ces incursions israéliennes s'inscrivent dans un cadre plus large de violations dans plusieurs régions, y compris l'arrestation de Syriens de Quneitra dans le sud de la Syrie, et l'interdiction pour les habitants d'accéder à leurs terres.

Selon des estimations non officielles, l'armée israélienne a enlevé environ 45 personnes en Syrie lors de ses incursions l'année dernière, et leur sort reste inconnu jusqu'à présent.