Avec des prothèses... La réhabilitation des amputés de l'extermination à Gaza leur redonne une partie de la vie

Avec des pas pleins d'espoir, des milliers de Palestiniens ayant perdu des membres durant la guerre d'extermination israélienne dans la bande de Gaza tentent de retrouver leur capacité de mouvement grâce à des prothèses fabriquées et adaptées avec soin dans des centres de réhabilitation dans la région.

Le 8 octobre 2023, Israël a lancé une guerre d'extermination avec le soutien américain, qui a duré deux ans, laissant plus de 69 000 martyrs palestiniens et plus de 170 000 blessés, dont plus de 4 800 cas d'amputation, représentant environ 18 % d'enfants.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre dernier, les douleurs de nombreux blessés ne se sont pas apaisées en raison de la poursuite par Israël de l'interdiction d'entrée des médicaments, des fournitures médicales et des matériaux pour la fabrication des prothèses, ainsi que de l'interdiction de voyager à l'étranger pour recevoir des soins.

Dans l'une des salles d'entraînement, le Palestinien Mahmoud Cheikh (51 ans) s'appuie sur deux barres métalliques en essayant de marcher sur un sol irrégulier avec une prothèse qu'il essaie de s'habituer, après avoir perdu sa jambe gauche au cours du deuxième mois de la guerre d'extermination.

Cheikh, résident du nord de la bande, a déclaré à l'agence Anadolu que la pose d'une prothèse à l'hôpital "Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani" lui a redonné "une partie importante" de sa vie, après avoir subi une amputation de sa jambe gauche - au-dessus du genou - en novembre 2023, à la suite d'une attaque israélienne.

Il a expliqué qu'il avait subi un traitement intensif pendant un an et demi à l'hôpital européen de Khan Younès, au sud de la bande, en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge, avant d'être transféré à l'hôpital Hamad pour la pose d'une prothèse.

Il a ajouté : "La prothèse donne au patient une chance de retrouver au moins la moitié de sa vie", précisant que "la vie sans elle est extrêmement difficile".

Pour sa part, Ahmed Al-Absi, responsable du département des prothèses à l'hôpital Hamad, a déclaré que l'hôpital avait repris depuis mars dernier ses services pour un large éventail de personnes amputées, profitant de la période de cessez-le-feu qui a commencé en janvier 2025 et s'est terminée le 18 mars de la même année.

Al-Absi a expliqué à l'agence Anadolu que l'hôpital avait été fortement perturbé pendant les mois d'extermination, après que son siège principal au nord de la bande de Gaza ait été ciblé par des frappes israéliennes répétées, en plus des opérations de déblaiement.

L'hôpital s'est souvent limité à fournir des services d'urgence aux blessés, et a créé un point de premiers secours à cet effet, selon la même source.

Al-Absi a indiqué que l'hôpital offrait des services de pose de prothèses supérieures et inférieures "de haute qualité pour différents niveaux d'amputation, y compris les cas complexes", ainsi que des programmes de réhabilitation avant et après la pose.

Il a souligné que depuis mars dernier, l'hôpital avait réussi à poser environ 100 prothèses, aidant les blessés à se réintégrer dans leur vie quotidienne.

L'hôpital "Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani", inauguré par le Qatar en 2019 dans le cadre d'une aide financière de 407 millions de dollars, est le plus grand centre spécialisé dans la réhabilitation et les prothèses dans la bande.

La réhabilitation de l'hôpital est supervisée par le comité qatari de reconstruction de la bande de Gaza (relevant du ministère des Affaires étrangères).

Le 5 novembre 2023, le porte-parole de l'armée d'occupation israélienne, Daniel Hagari, a affirmé qu'il y avait un tunnel du Hamas dans le jardin de l'hôpital Cheikh Hamad, et le porte-parole Avichai Adraee a publié une vidéo sur son compte sur la plateforme américaine "X", répétant l'accusation.

Mais le Qatar a rapidement nié ces allégations le lendemain, affirmant par la voix de son président du comité de reconstruction de Gaza, Mohammed Al-Emadi, qu'il s'agissait "d'allégations sans preuves concrètes ou d'enquête indépendante".

Al-Emadi a considéré dans une déclaration publiée par l'agence de presse qatarie "QNA" à l'époque, que ces accusations étaient "une tentative évidente de justifier le ciblage par l'occupation des biens civils, y compris des hôpitaux, des écoles, des rassemblements de population et des abris pour les déplacés".

Ce centre est le deuxième dans la bande de Gaza à travailler dans le domaine de la pose de prothèses et de la réhabilitation des amputés après le centre des prothèses de la municipalité de Gaza, qui a également subi des dommages pendant les mois d'extermination.

L'armée d'occupation israélienne a, au cours des deux années d'extermination, ciblé le secteur de la santé avec ses installations et ses infrastructures sanitaires et ses entrepôts, y compris les bureaux des prothèses.

En raison des ressources limitées et du blocus sévère imposé à la bande, le centre a contribué à la pose de 250 prothèses pour les amputés depuis octobre 2023, selon le responsable de la communication et des relations publiques du centre des prothèses de la municipalité de Gaza, Hosni Mahna.

Mahna a indiqué dans une conversation avec l'agence Anadolu que le centre n'avait pas cessé de fournir ses services pendant les mois de guerre, "ayant également fourni environ 1 500 appareils de soutien pour les amputés, tout en organisant 4 000 séances de physiothérapie et de réhabilitation pour les amputés et les patients atteints de paralysie cérébrale".

Le centre a une "longue liste d'attente" de blessés ayant besoin de prothèses et de séances de réhabilitation, selon Mahna, qui a noté qu'Israël refuse d'introduire les matériaux nécessaires à la fabrication de ces prothèses, aggravant ainsi la souffrance des amputés.

Selon des données gouvernementales et sanitaires, Israël continue de commettre des violations de l'accord de cessez-le-feu, sous différentes formes de bombardements, de tirs et de fermeture des passages, empêchant l'entrée de médicaments et de fournitures médicales.