Des concessions douloureuses.. sur la carte, que perdra Kiev au profit de Moscou ?

Alors que la Maison Blanche décrit le plan de paix américain pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine comme "bon et acceptable pour les deux parties", Kiev ne semble pas être dans une position enviable.

Un certain nombre d'observateurs estiment que le plan américain, dont les détails ont fuité au cours des deux derniers jours, imposera à l'Ukraine des concessions "douloureuses".

Le plan prévoit que Kiev abandonne la péninsule de Crimée et la région du Donbass à l'est du pays, y compris Donetsk, ainsi que les villes de Marioupol, Makéïvka, Kramatorsk et Slaviansk. De plus, il inclut Louhansk, ainsi que les villes d'Altchevsk, Severodonetsk et Lyssytchansk.

Le Donbass est situé à la frontière avec la Russie et est considéré comme le cœur de l'industrie lourde ukrainienne.

Kherson et Zaporijjia

De plus, le plan américain stipule que les lignes de front à Kherson et Zaporijjia seront gelées à la ligne de contact actuelle.

Il inclut également l'accord de l'Ukraine pour limiter la taille de son armée à 600 000 hommes, soit une réduction de plusieurs centaines de milliers, selon ce que rapporte le site "Axios" hier soir.

Le projet américain, qui comprend 28 points, mentionne le déploiement de chasseurs européens en Pologne pour protéger l'Ukraine, mais sans déployer de troupes de l'OTAN sur le territoire ukrainien.

Kiev acceptera également de ne jamais rejoindre l'alliance militaire.

La présence de forces étrangères sur le territoire ukrainien ne sera pas autorisée, ce qui exclut toute force de maintien de la paix dirigée par la Grande-Bretagne et la France après l'accord.

Le plan prévoit également la tenue d'élections législatives et présidentielles en Ukraine après 100 jours.

Garanties de sécurité

En contrepartie, les États-Unis fourniront des garanties de sécurité à Kiev. À cet égard, un responsable américain a précisé que le projet d'accord de paix comprend un engagement des États-Unis et de leurs alliés européens à fournir des garanties de sécurité à Kiev similaires à celles de l'OTAN, promettant de répondre à toute attaque future contre elle.

De plus, 100 milliards de dollars d'actifs russes gelés seront alloués à la reconstruction de l'Ukraine. La voie sera également ouverte pour réintégrer la Russie dans l'économie mondiale, y compris la levée des sanctions à l'avenir, selon l'agence "Associated Press".

"Notre terre n'est pas à vendre"

Cependant, certains responsables ukrainiens estiment que ce document signifie en réalité la fin de l'existence de l'Ukraine en tant qu'État indépendant.

Kristina Hayovychin, représentante permanente adjointe de l'Ukraine auprès des Nations Unies, a déclaré que "son pays est prêt à entrer dans des négociations sérieuses pour mettre fin à la guerre, mais ses lignes rouges sont claires et fermes". Elle a également ajouté : "Il n'y aura aucune reconnaissance, officielle ou non, des territoires ukrainiens temporairement occupés par la Russie comme étant russes.. Notre terre n'est pas à vendre".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a révélé qu'il avait pris connaissance de la proposition et qu'il menait des discussions avec Washington et ses alliés sur la fin de la guerre.

Zelensky a également eu des discussions hier avec une délégation militaire américaine de haut niveau dirigée par le ministre de l'Armée, Dan Driscoll. Driscoll, ancien camarade d'études du vice-président américain JD Vance, est arrivé à Kiev avec des messages importants de la Maison Blanche, selon des sources américaines.

Il est probable que Driscoll se rende à Moscou à la fin de la semaine prochaine pour discuter également du plan avec le Kremlin.

Cependant, certains observateurs estiment que la position de Zelensky est délicate et peu enviable, considérant que les affaires de corruption qui ont récemment touché des proches de lui l'ont mis dans une position plus faible.

Il convient de noter que si ce plan est effectivement mis en œuvre, il entraînera une réduction de la souveraineté de l'Ukraine sur son territoire en abandonnant la Crimée et le Donbass, ce qui signifie qu'elle accepterait un partage géographique permanent de son territoire.

L'Ukraine serait également placée sous la catégorie de "neutralité permanente", avec la condition de ne pas rejoindre l'OTAN, une exigence russe ancienne.

Quant à la Russie, elle sera réintégrée mondialement sur le plan politique et économique, avec des discussions sur la levée des sanctions à son égard.