De rebelle à partisan du MAGA : le virage politique de Nicki Minaj

Washington (États-Unis) (AFP) - Nicki Minaj a longtemps régné comme la métamorphe la plus indisciplinée de la pop — une provocatrice hyper-sexualisée, éclatante de néon, dont le personnage en latex, les paroles explicites et l'affinité avec les exclus ont fait une icône mondiale.

Aujourd'hui, elle occupe un autre type de projecteur — vêtue de manière conservatrice, chaleureusement accueillie par les militants républicains et de plus en plus à l'aise avec le langage du mouvement « Make America Great Again » (MAGA) de Donald Trump.

En seulement quelques années, Minaj, 43 ans, est passée de la condamnation des politiques d'immigration du président américain à la louange de son leadership, échangeant des mèmes avec son vice-président et apparaissant sous les auspices du gouvernement américain aux Nations Unies.

Elle s'est moquée des responsables démocrates, a repris les discours républicains sur les jeunes transgenres et est devenue une improbable chouchoute de la droite MAGA — un tournant qui a secoué ses fans, en particulier au sein de la communauté LGBTQ.

Ce changement a fait de Minaj un paratonnerre — notamment à cause d'une rhétorique perçue comme méprisante ou hostile envers les personnes transgenres — tout en faisant d'elle une invitée improbable à des événements politiques que peu auraient associés à l'artiste derrière « Super Freaky Girl » et « Trollz ».

« Nicki Minaj a toujours été synonyme de domination, d'indépendance et de ne rendre de comptes à personne », a déclaré à l'AFP Jeetendr Sehdev, expert en image de célébrités.

« S'aligner avec l'énergie autour de Donald Trump ne concerne pas les politiques — c'est une question de liberté d'expression, de résistance à la censure et d'affirmation d'autonomie. »

La transformation de Minaj s'est pleinement manifestée lors de la conférence de Turning Point USA ce week-end en Arizona, où elle a partagé la scène avec Erika Kirk — la veuve du fondateur assassiné du groupe, Charlie Kirk — et a salué Trump comme un « modèle ».

Elle s'est moquée du gouverneur de Californie Gavin Newsom, utilisant des surnoms popularisés par Trump.

Le contraste est saisissant — non seulement politiquement, mais aussi culturellement. Le hip-hop, bien que jamais monolithique, a majoritairement penché vers le progressisme.

Des stars comme Cardi B, Megan Thee Stallion et Lizzo ont soutenu des candidats démocrates, tandis qu'une plus petite cohorte — dont Lil Wayne et Kodak Black — se démarque comme des exceptions favorables à Trump.

« Enfantin »

La star choc et spectaculaire en latex et perruques avait disparu lorsqu'elle s'est assise à Phoenix. À sa place se trouvait une figure posée, imprégnée de griefs conservateurs et de certitudes morales.

Ses propos ont suscité une vive controverse pour ses commentaires sur les jeunes transgenres, que les critiques estiment refléter le cadrage républicain des soins d'affirmation de genre comme une menace pour les enfants.

« Pour les garçons : les garçons, soyez des garçons... Il n'y a rien de mal à être un garçon », a-t-elle déclaré à la foule, appelant à un retour aux normes de genre traditionnelles.

C'était un net départ de l'artiste qui célébrait autrefois les identités fluides et cultivait l'une des bases de fans les plus accueillantes pour les personnes queer dans la pop.

Son évolution ne s'est pas faite du jour au lendemain. Minaj a longtemps résisté aux étiquettes simples, se drapant d'alter ego et d'ironie.

Elle a un jour rapé sur le fait de voter républicain, puis a balayé cela comme du sarcasme. Elle a qualifié Trump d'« enfantin », tout en admettant le trouver divertissant.

Pendant le premier mandat de Trump, elle a condamné les séparations familiales à la frontière américano-mexicaine — évoquant sa propre arrivée aux États-Unis en tant qu'enfant sans papiers de Trinité-et-Tobago — et a ensuite célébré la victoire électorale de Joe Biden.

Mais le virage vers le MAGA s'est accéléré durant la pandémie de Covid-19, lorsqu'elle a remis en question la sécurité des vaccins d'une manière qui a fait écho au scepticisme conservateur et a suscité des réprimandes publiques de la part des responsables de la santé.

« Les enfants cool »

À partir de là, sa rhétorique s'est durcie et Minaj s'est de plus en plus alignée sur les messages de l'administration — repostant des vidéos de la Maison Blanche sur sa musique et apparaissant aux côtés de hauts responsables.

Elle est également apparue sous les auspices diplomatiques américains aux Nations Unies, parlant de la violence contre les chrétiens au Nigeria — un sujet que les experts jugent plus complexe que souvent présenté.

Le changement esthétique rivalise avec le changement politique — l'artiste qui autrefois utilisait l'excès comme arme privilégie désormais la retenue, s'installant confortablement parmi les opérateurs républicains et les influenceurs conservateurs.

Lors de la conférence en Arizona, elle a plaisanté en disant qu'elle et ses alliés étaient « les enfants cool ».

Ses partisans affirment que Minaj exerce simplement son indépendance, refusant d'être enfermée dans des attentes liées à son genre, sa race ou sa base de fans.

Les critiques rétorquent que l'indépendance n'excuse pas un langage qui marginalise des groupes vulnérables — surtout venant d'une artiste dont la carrière s'est construite sur la remise en question des normes, pas leur renforcement.

« Elle va polariser les gens, mais cela ne va pas affaiblir une marque comme la sienne — cela va probablement l'amplifier », a déclaré à l'AFP Sehdev, l'expert en image hollywoodien.

« Cela filtre les fans passifs et renforce la loyauté parmi ceux qui admirent la force plutôt que l'approbation. »