Les présumés tireurs de Bondi ont suivi un entraînement « tactique » en milieu rural

Les deux suspects à l'origine de la fusillade meurtrière de Bondi Beach auraient suivi un entraînement aux armes à feu « tactique » en milieu rural en Nouvelle-Galles du Sud avant de lancer leur attaque, qui a fait 15 morts. Alors que les détails de l'assaut méticuleusement planifié émergent, le Premier ministre Albanese a présenté ses excuses à la communauté juive d'Australie pour la pire fusillade de masse du pays depuis près de trois décennies.

Les deux suspects d'une fusillade de masse mortelle à Bondi Beach en Australie ont effectué un entraînement « tactique » aux armes à feu en milieu rural, ont affirmé lundi les autorités, tandis que le Premier ministre Anthony Albanese s'est excusé auprès de la communauté juive du pays et a promis des lois plus strictes contre l'extrémisme.

Le père et le fils Sajid Akram et Naveed sont accusés d'avoir ciblé un événement de Hanoukka à Bondi Beach, tuant 15 personnes dans la fusillade de masse la plus meurtrière du pays depuis près de trente ans.

Des documents policiers publiés lundi indiquent que les deux suspects avaient suivi un « entraînement aux armes à feu » dans ce qui serait la campagne de Nouvelle-Galles du Sud avant la fusillade.

Ils ont déclaré que les suspects avaient « planifié méticuleusement » l'attaque pendant des mois, diffusant des photos les montrant tirant au fusil de chasse et se déplaçant de manière qualifiée de « tactique ».

Lire aussi : « Terrorisme à bas coût » : les enquêteurs de Bondi Beach examinent un lien avec l'État islamique et un voyage aux Philippines

Le duo a également enregistré en octobre une vidéo dans laquelle ils s'en prennent aux « sionistes » tout en étant assis devant un drapeau du groupe État islamique et détaillant leurs motivations pour l'attaque, selon la police.

Ils ont aussi effectué une reconnaissance nocturne à Bondi Beach quelques jours avant les meurtres, selon les documents.

Les suspects ont également lancé des explosifs sur des spectateurs lors de l'attaque dimanche dernier, qui n'ont pas explosé, a indiqué la police.

L'Australie a observé une minute de silence à 18h47 (07h47 GMT) dimanche, exactement une semaine après les premiers rapports de tirs.

À Bondi Beach lundi, la situation revenait progressivement à la normale.

Les visiteurs ont passé du temps en réflexion silencieuse devant un mémorial érigé pour les victimes, certains déposant des fleurs contre les murs et sur le pont.

Face à une pression politique croissante après l'attaque, Albanese a déclaré qu'il pousserait pour des lois plus strictes créant « une infraction aggravée pour l'incitation à la haine ».

« Nous ne laisserons pas les terroristes inspirés par l'État islamique gagner. Nous ne les laisserons pas diviser notre société, et nous traverserons cela ensemble », a déclaré Albanese aux journalistes lundi.

Il a également présenté ses excuses à la communauté juive « et à notre nation dans son ensemble » pour ce qui s'est passé.

« Le gouvernement travaillera chaque jour pour protéger les Australiens juifs, pour protéger leur droit fondamental en tant qu'Australiens d'être fiers de qui ils sont, de pratiquer leur foi, d'éduquer leurs enfants et de s'engager pleinement dans la société australienne », a-t-il ajouté.

Répression sur les armes et les « symboles terroristes »

Le gouvernement fédéral australien a annoncé une série de réformes concernant la possession d'armes à feu et les lois sur les discours de haine, ainsi qu'une révision des services de police et de renseignement.

Albanese a également annoncé un vaste programme de rachat d'armes pour « retirer les armes de nos rues ».

Il s'agit du plus grand rachat d'armes depuis 1996, lorsque l'Australie a renforcé la réglementation sur les armes à feu après une fusillade de masse ayant fait 35 morts à Port Arthur.

Le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud, où la fusillade a eu lieu, a rappelé son parlement pour deux jours lundi afin d'introduire ce qu'il a appelé « les réformes les plus strictes sur les armes à feu du pays ».

« Nous ne pouvons pas prétendre que le monde est le même qu'avant cet incident terroriste dimanche », a déclaré le Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns, aux journalistes.

« Je donnerais tout pour revenir une semaine, un mois, deux ans en arrière, pour m'assurer que cela ne se soit pas produit, mais nous devons prendre des mesures pour que cela ne se reproduise jamais. »

Les nouvelles règles limiteront le nombre d'armes qu'une personne peut posséder à quatre, ou dix pour les personnes exemptées comme les agriculteurs.

Il y a plus de 1,1 million d'armes à feu dans l'État, ont indiqué les autorités.

La législation interdira également l'affichage de « symboles terroristes », y compris le drapeau du groupe État islamique, retrouvé dans une voiture liée à l'un des tireurs présumés.

Les autorités pourront aussi interdire les manifestations jusqu'à trois mois après un incident terroriste.

L'un des tireurs présumés, Sajid Akram, 50 ans, a été abattu par la police lors de l'attaque. De nationalité indienne, il est entré en Australie avec un visa en 1998.

Son fils Naveed, 24 ans, citoyen australien né dans le pays, a été transféré de l'hôpital à la prison lundi, selon la police.

Minns a déclaré lundi qu'il envisagerait également une législation plus stricte sur les discours de haine l'année prochaine, incluant des restrictions sur l'expression « globaliser l'intifada ».

Cette phrase est un slogan courant lors des rassemblements pro-palestiniens et fait référence aux soulèvements contre les forces israéliennes dans les territoires occupés.