Ministre des Affaires étrangères : L'Égypte rejette toute mesure unilatérale dans la région de la Corne de l'Afrique ou de la mer Rouge susceptible de porter atteinte à la souveraineté des États

Le Dr Badr Abdelati, ministre des Affaires étrangères, de l'Immigration et des Égyptiens de l'étranger, a présidé samedi la séance plénière de la deuxième conférence ministérielle du Forum de partenariat russo-africain, conjointement avec Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, et Tete António, ministre des Affaires étrangères de la République d'Angola et président actuel de l'Union africaine.

Le ministre des Affaires étrangères a prononcé le discours de l'Égypte lors de cette réunion ministérielle tenue pour la première fois sur le continent africain, soulignant que cette réunion reflète la profondeur des relations historiques entre le continent africain et la Fédération de Russie, mettant en avant le partenariat et les perspectives prometteuses de coopération et d'action commune.

Le ministre a expliqué que le partenariat afro-russe, depuis le lancement de ses premiers sommets à Sotchi en 2019, co-présidés par l'Égypte et la Russie, entre le président Abdel Fattah al-Sissi et le président Vladimir Poutine, représente une expérience réussie dans le renforcement de la coopération internationale entre des partenaires partageant des points communs, notamment dans un monde en pleine mutation rapide et où les mécanismes traditionnels perdent de leur efficacité.

Il a également affirmé que la stabilité du système international est étroitement liée au respect des règles régissant les relations entre États, en particulier les principes de souveraineté, de non-ingérence dans les affaires intérieures, de non-imposition de tutelles ou de diktats, ainsi que l'engagement à résoudre les conflits par des moyens politiques. Il a insisté sur le fait que la réforme du système international pour le rendre plus réactif aux exigences et défis actuels n'est plus un choix, mais une nécessité.

Il a souligné que l'Afrique, avec ses opportunités et ses capacités humaines, économiques et politiques, doit être à l'avant-garde des acteurs influents dans ce système, réaffirmant l'engagement du continent à une position unifiée concernant la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que l'appel à réformer les structures de financement internationales pour les rendre plus adaptées aux besoins des pays africains, notamment en matière de transfert de technologie et d'accès à des financements concessionnels.

Dans le même contexte, le ministre a indiqué que les partenariats africains efficaces reposent sur l'égalité, le respect mutuel et les intérêts communs, tout en tenant compte des priorités de développement de l'agenda Afrique 2063, loin des cadres de coopération temporaires ou conditionnels.

Il a souligné que l'aspect économique et de développement constitue un axe fondamental dans la coopération afro-russe, en particulier face aux défis auxquels de nombreux pays du continent sont confrontés dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l'énergie, des infrastructures et du transfert de technologie, ce qui nécessite de renforcer les investissements conjoints, de soutenir les projets de production et de fabrication, et d'échanger les expertises, notamment dans les domaines émergents tels que la cybersécurité et les applications technologiques.

Le ministre Abdelati a affirmé que le développement ne peut être réalisé sans un environnement sûr et stable, insistant sur la conviction de l'Égypte de l'importance de la souveraineté nationale et de la préservation des institutions étatiques, ainsi que sur l'engagement aux principes de l'Union africaine pour maintenir la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale de ses États membres. Il a appelé à adopter une approche globale politique, de développement, sociale et intellectuelle qui prenne en compte les causes profondes des conflits et les défis du terrorisme, dans le cadre de la relation interdépendante entre paix, sécurité et développement, incluant l'investissement dans les infrastructures, l'éducation, la santé, l'autonomisation des jeunes et des femmes, le renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme, la construction d'institutions solides, la fourniture d'un financement durable et prévisible pour les opérations de soutien à la paix en Afrique, ainsi que la mise en œuvre de programmes de reconstruction et de développement post-conflit, notamment via le Centre de reconstruction de l'Union africaine basé au Caire.

Concernant la situation régionale, le ministre a évoqué les défis politiques, sécuritaires et humanitaires majeurs dans l'environnement régional de l'Égypte, présentant les efforts intensifs égyptiens pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza en coopération avec les partenaires internationaux et régionaux, la recherche d'une solution à la crise au Soudan, le soutien à une solution politique libyenne sans ingérence extérieure, le travail pour assurer un financement durable à la mission de l'Union africaine pour le soutien et la stabilisation en Somalie, la préservation de la sécurité de la mer Rouge et la protection de la liberté de navigation, ainsi que le soutien aux efforts de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel et la restauration de la stabilité dans la région de l'Est du Congo.

Dans ce contexte, le ministre Abdelati a réitéré le rejet par l'Égypte de toute mesure unilatérale dans la région de la Corne de l'Afrique ou de la mer Rouge susceptible de porter atteinte à la souveraineté des pays de la région ou d'accroître les tensions régionales et internationales, soulignant que l'Égypte déploie des efforts soutenus pour renforcer la coopération avec les pays du bassin du Nil, tout en affirmant son droit à prendre toutes les mesures garanties par le droit international pour protéger sa sécurité hydrique.

Le ministre des Affaires étrangères a conclu son discours en affirmant la disposition de l'Égypte à renforcer la coopération avec la Russie pour la mise en œuvre de projets et programmes de coopération tripartite dans les pays africains, notamment dans les domaines des infrastructures, des énergies renouvelables et du renforcement des capacités.