Maâ El Ainin déconstruit la question du Sahara

Le chercheur Mohamed El Gaïth Maâ El Ainin, vice-président du Centre marocain de diplomatie parallèle et de dialogue des civilisations, a publié un nouveau livre intitulé « L'autonomie au Sahara marocain : vers un modèle marocain de souveraineté flexible ». À travers cet ouvrage, il cherche à réorganiser le débat autour du conflit artificiel concernant les provinces du Sud du Royaume, en se basant sur l'évolution même de l'État marocain, notamment en ce qui concerne la gestion de son territoire.

Ce nouvel ouvrage n'aborde pas la question du Sahara marocain sous l'angle d'un conflit frontalier, mais comme un dossier historique et politique extrêmement complexe. Selon l'auteur, il reformule des concepts fondamentaux tels que la légitimité, l'identité et la souveraineté, partant de l'hypothèse centrale que « le conflit n'était pas essentiellement une lutte pour la terre, mais plutôt une lutte pour la légitimité, c'est-à-dire la légitimité de l'histoire, de la décision et de l'avenir ».

Dans son introduction, le livre traite de l'ensemble des transformations qu'a connues l'approche marocaine depuis la récupération par le Royaume de ses provinces du Sud en 1975, en passant par la phase de gestion du conflit au niveau onusien, mettant en lumière la transition qualitative inaugurée par le discours du roi Mohammed VI le 6 novembre 2005. Ce discours a constitué « un tournant décisif dans le passage de la logique de gestion du conflit à l'horizon d'une solution politique, aboutissant à la formulation de la proposition d'autonomie en 2007, suivie d'accumulations constitutionnelles, développementales et institutionnelles ».

L'auteur considère que « l'autonomie n'est pas une concession souveraine, mais plutôt une formule marocaine innovante pour réorganiser l'exercice de la souveraineté au sein d'un même État, sous la direction de l'institution royale en tant que garant de l'unité de l'État et de la continuité de ses choix stratégiques ».

Dans une déclaration au journal électronique Hespress, Mohamed El Gaïth Maâ El Ainin a indiqué que « le livre se distingue également par sa méthodologie systémique, combinant analyse historique, juridique, conceptuelle et appliquée. Il traite l'autonomie non pas comme une solution technique au conflit, mais comme une partie d'un projet plus large de reconstruction de la citoyenneté territoriale, de développement de la régionalisation avancée et d'intégration de la diversité culturelle et sociale dans la structure de l'État sans porter atteinte à son unité ».

Maâ El Ainin a ajouté : « L'auteur accorde une importance particulière à la question de l'identité, soulignant que l'échec du processus onusien de définition de l'identité n'était pas technique, mais résultait d'une mauvaise compréhension de la structure de l'appartenance politique au Sahara marocain, où l'identité repose sur le lien de la bay'a et de la loyauté historique, et non sur des critères ethniques ou tribaux étroits ».

Par ailleurs, l'auteur considère que « le discours international sur la question du Sahara marocain a connu une transformation importante après la récente résolution onusienne 2797 ; une résolution qui ne constitue pas nécessairement une rupture avec le passé, mais reflète plutôt le succès du Maroc à convaincre la communauté internationale de l'option qu'il a développée en interne de manière cumulative ». Il a souligné que « le discours royal daté du 31 octobre dernier a recadré ce gain onusien dans une vision marocaine globale pour la phase post-décision internationale, car l'enjeu marocain aujourd'hui ne se limite plus à affirmer la légitimité de la proposition, mais à réfléchir calmement aux conditions de sa mise en œuvre et à son architecture politique et institutionnelle ».

Le livre introduit le concept de « souveraineté flexible » qui, selon l'auteur, « constitue un cadre analytique pour comprendre cette transformation, c'est-à-dire une souveraineté qui ne renonce pas à sa centralité, ne porte pas atteinte à l'unité de la décision, mais redistribue ses fonctions à l'intérieur du domaine national afin de renforcer l'efficacité, d'absorber la diversité et d'assurer l'intégration territoriale dans le cadre de l'État unifié ».

L'auteur a encadré ces différentes transformations dans leur contexte constitutionnel, affirmant que « cette conception trouve son appui dans l'esprit de la Constitution de 2011 et dans l'interprétation démocratique de la Constitution que l'institution royale a soulignée, en tant qu'horizon ouvert pour le développement de la régionalisation sans porter atteinte aux constantes ». Il a précisé que son travail « ne semble pas être une simple contribution au débat national sur le dossier du Sahara, mais une tentative de comprendre la profonde transformation que connaît l'État marocain, qui passe, sous la conduite d'une monarchie claire dans sa vision, de la logique de gestion du conflit à la logique d'ingénierie de la solution, et de la défense de la légitimité à son activation sous une nouvelle forme institutionnelle ».