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Vers un rassemblement national pour la protection de l'existence du Liban

December 20, 2025 aljoumhouria.com
Vers un rassemblement national pour la protection de l'existence du Liban

Un article qui discute des préoccupations des chrétiens au Liban et de l'importance de la coexistence et de la protection de l'État.

SUMMARY

L'article traite des préoccupations politiques des chrétiens au Liban, souligne l'importance de la coexistence et de la protection de l'État libanais unifié contre les menaces internes et externes, et appelle à un dialogue constitutionnel global et à la mise à jour de l'accord de Taëf pour garantir le partenariat et la justice.

KEY HIGHLIGHTS

  • Le danger pour l'existence des chrétiens est lié à l'échec de la gouvernance de l'État et de la gestion de la diversité.
  • La coexistence est un choix existentiel qui protège la diversité et la liberté au sein d'un même État.
  • Refus de transformer les particularités en frontières politiques ou sécuritaires, la coexistence est un acte souverain.
  • Nécessité d'un dialogue constitutionnel global pour mettre à jour le système politique libanais et appliquer les réformes.
  • L'État civil unifié est la seule garantie pour protéger tous et réaliser le partenariat.

CORE SUBJECT

Protection de l'existence du Liban et coexistence

J'ai publié dans le journal « Al Joumhouria » mardi dernier un article intitulé : « Les chrétiens au Liban : des préoccupations politiques aux racines théologiques », et j'ai reçu des réactions diverses dont je n'étais pas ignorant pour la plupart. Ceux convaincus par la formule de vivre ensemble (qui, soit dit en passant, viennent de diverses confessions) m'ont demandé d'élargir l'approche, tandis que ceux qui ne croient plus à l'expérience du vivre ensemble, principalement des chrétiens, ont dit : « Nous avons payé le prix de notre existence et de notre rôle ». Dans leurs propos, il y a une inquiétude sincère, mais leur conclusion est erronée. Le danger pour l'existence des chrétiens et leur rôle ne vient ni du Grand Liban, ni de la diversité qui existait dans le Liban mandataire (pour ceux qui y sont nostalgiques). Le danger pour l'existence ne se limite plus aux chrétiens, il résulte de l'échec dans la gouvernance de l'État et dans la gestion de la diversité, une responsabilité que tous ceux qui ont gouverné le Liban, musulmans et chrétiens, ont partagée à des degrés divers pendant cent ans.

Je n'ai pas ignoré les accusations de chrétiens envers les musulmans, affirmant qu'ils voulaient dissoudre le Liban et l'intégrer à des projets régionaux, ni les accusations des musulmans envers les chrétiens, affirmant qu'ils ont monopolisé le pouvoir et dominé l'économie.

Je suis convaincu qu'il n'est plus utile de savoir qui a le plus nui au vivre ensemble, le danger aujourd'hui est pour l'existence du Liban. Est illusoire celui qui pense que sa communauté gagnera si le Liban est annexé à la Syrie, et illusoire celui qui attend un gain de la partition du Liban. Il ne peut y avoir d'États confessionnels sur le territoire libanais, soit le Liban reste un État unifié, soit il n'existe plus. Le Liban représente un besoin pour son peuple uniquement, pas pour les autres. L'expérience de la vie libanaise commune, par son succès, constitue une source d'inspiration pour les autres dans la gestion de la diversité. Vivre ensemble est un travail difficile mais qui engendre une grande civilisation, cela ne signifie pas la fusion, mais la protection de la diversité et de la liberté au sein d'un même État.

Ici, le débat n'est plus intellectuel ou historique, mais devient un critère pratique pour faire face à la plus grande menace pour les États aux sociétés diverses, à savoir le terrorisme de l'extrémisme, le racisme, et tout projet fondé sur la négation ou l'annulation de l'autre.

Dans ce sens, la « chalcédonienne politique », par sa symbolique, apparaît comme une manifestation civilisationnelle destinée à toutes les sociétés du Levant. Elle s'oppose directement à la logique des extrémistes, qu'il s'agisse des organisations qui invoquent la religion pour justifier des crimes, ou de l'État qui invoque une identité raciale pour justifier le crime et l'exclusion. C'est la même unicité mortelle fondée sur la soumission de l'autre et non sur le partenariat.

Face à ces deux modèles, et en regard du présent, je dis : il n'y a pas de salut pour une communauté hors de l'État, pas d'État viable sans un partenariat complet entre ses communautés, et pas de stabilité des États sans respect mutuel de la souveraineté et un réseau d'intérêts communs.

C'est une vision qui ne nie pas les particularités, mais refuse de les transformer en frontières politiques ou sécuritaires. La particularité ici est une richesse, non un prétexte pour se retirer. La coexistence est un acte souverain, pas un simple slogan. À l'instar de la lutte contre le terrorisme en asséchant ses sources de financement, la lutte contre l'exclusion commence par assécher ses sources intellectuelles : rejeter les récits de peur, abolir la logique du « nous et eux », affirmer le concept de citoyen et non de sujet, de partenaire et non de gardien.

Par le débat libre seulement, nous affrontons la question cruciale : qu'est-ce que l'État dans une société plurielle ? Comment protéger l'unité de l'État et la diversité de la société ? Comment empêcher qu'une centralisation forte ne devienne une domination, et qu'une diversité positive ne se transforme en une différenciation excessive menant à la désintégration ?

C'est la formule d'équilibre nécessaire pour la naissance d'un nouveau système de gouvernance par accord et non par imposition, fondé sur des principes non négociables :

* L'État est le seul cadre de la vie commune.

* Il n'y a pas de droits collectifs en dehors de l'égalité individuelle en citoyenneté.

* Il n'y a pas de sécurité sans justice, ni de justice sans État.

* La diversité est une source de stabilité, non une menace.

Nous avons longtemps été gouvernés par des équilibres de pouvoir dictés par l'extérieur, ce qui a été plus proche de la gestion de crises.

Cela n'a pas produit de solutions durables, mais des compromis circonstanciels avec des garanties mutuelles entre communautés, maintenant l'État suspendu sur une croix de crises récurrentes. C'est pourquoi la politique libanaise semble sans résolution, ni en matière de sécurité, ni d'économie, ni dans les relations avec l'environnement ou l'extérieur.

L'immobilisme est mortel, soit un projet d'État civil inclusif transforme la pluralité en force souveraine, soit la recherche continue d'équilibres fragiles où la peur domine et les différences sont gérées comme des menaces et non comme des opportunités.

Il est vain de répéter le discours du vivre ensemble sans le transformer en décision politique. Dans ce contexte, je me souviens d'une plateforme de discussion précieuse à laquelle j'ai participé à l'invitation du Centre pour le dialogue humanitaire (association suisse HD), aux côtés de représentants de partis politiques libanais, dont l'objectif était que chaque partie mette ses préoccupations sur la table pour tracer une feuille de route pour la mise en œuvre des réformes constitutionnelles non réalisées. Je déplore l'attaque politique et médiatique dont cette plateforme a été victime, qui ressemble davantage à un tir contre un projet d'union au profit d'un projet de division. Le dialogue constitutionnel au Liban n'est pas un luxe, mais une rupture du silence qui entoure le débat sur le système politique en place depuis l'accord de Taëf. Toute répression de ce débat est inacceptable quelle que soit la raison, en soulignant que son simple déclenchement conduit à briser le tabou entourant la discussion sur la structure du système, à clarifier les positions des forces politiques et les préoccupations des groupes et individus, au lieu de les laisser gouverner par la conjecture et la méfiance.

Le débat constitutionnel n'est ni exclusif ni interdit, il produit des idées susceptibles de se transformer en un débat législatif sérieux au Parlement de 2026, si la volonté existe. Ce que le dialogue doit ouvrir, c'est la porte politique à la solution après qu'elle ait été longtemps fermée au profit de la rue, des armes ou de l'effondrement silencieux.

La préambule de la Constitution n'est-elle pas une entrée vers le contrat commun qui a tranché que le Liban est une patrie définitive pour tous ses enfants, que son État repose sur le respect des libertés individuelles et publiques, des valeurs de justice et d'égalité, et du respect de la diversité ?

Si le préambule passe d'un texte suspendu à une référence contraignante, ne deviendra-t-il pas une entrée effective pour sortir des inquiétudes par la création d'un État qui applique sa Constitution, de forces politiques qui respectent cette Constitution, et d'institutions qui protègent tous sans discrimination ?

Beaucoup m'ont exprimé la peur des chrétiens pour leur existence et leur rôle, mais cette peur ne vient pas d'une phobie de l'autre, mais d'une expérience historique dure où les chrétiens du Liban témoignent depuis le siècle dernier du vide laissé en Irak, en Syrie et surtout en Palestine dans leurs composantes chrétiennes, à cause des guerres, persécutions et migrations. Aujourd'hui, la peur pour l'existence concerne tous les Libanais, d'où l'inquiétude centrale : le Liban pourra-t-il, dans les années à venir, résister comme un État en dehors de la logique d'État de droit, de citoyenneté, de justice et de libertés ?

La réponse : seul cet État dissipe la peur des armes en les confinant à la légitimité. Seul il protège contre la crainte de la naturalisation comme menace démographique et politique directe aux équilibres du Liban. Seul il garantit un partenariat effectif pour que les chrétiens restent des partenaires fondateurs, non une « minorité » nécessitant des garanties. Seul il traite par une décentralisation développementale élargie les préoccupations économiques et sociales résultant de l'appauvrissement de la classe moyenne et du vide des énergies du Liban.

Le résumé de ces inquiétudes est unique : la peur de la disparition du rôle et de la perte du Liban en tant qu'espace de liberté et de pluralisme dans un environnement régional menacé par les unicités extrémistes et les conflits d'intérêts.

Le Taëf suffit-il à traiter toutes ces inquiétudes ? C'est le point de départ pour protéger l'existence et le partenariat effectif en dehors de l'équation des chiffres. Le Taëf est un cadre nécessaire mais, comme toute constitution, il a besoin d'une mise à jour, à commencer par la mise en œuvre de ses clauses réformatrices, en tant que seul contrat étatique civil accepté par tous les Libanais.

La peur est légitime et les inquiétudes réelles, mais elles ne se traitent pas par l'invention de garanties au-dessus de l'État, mais en faisant de l'État la garantie de tous. Alors la peur disparaît, et la parité cesse d'être une contrainte politique pour devenir un moteur de partenariat.

Telle est la vision du grand Houwayek, et c'est le cœur du message du Vatican aux Libanais, en particulier aux chrétiens, résumé en ce que le vivre ensemble est un choix existentiel et non un compromis circonstanciel.

Vivre ensemble est un choix interactif positif, car l'unité n'annule pas la pluralité, et la pluralité ne détruit pas l'unité. Ni le repli intérieur ne protège les chrétiens, ni la force extérieure ne protège les musulmans. La seule solution : un État civil neutre où tous sont égaux devant la loi, protégés par la centralité de sa force et de sa justice, et par la décentralisation de sa gestion et de son développement. Et autant le danger semble imminent, autant le moment paraît opportun.

KEYWORDS

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