Dossiers Epstein ouverts : visages célèbres, nombreuses pages noircies

Washington (États-Unis) (AFP) - Le ministère américain de la Justice a commencé vendredi à publier un important lot de documents issus de ses enquêtes sur l'affaire politiquement explosive du délinquant sexuel condamné Jeffrey Epstein, bien que beaucoup de ces documents restent fortement censurés.

Parmi ces documents figurent de nombreuses photographies montrant l'ancien président démocrate Bill Clinton et d'autres personnalités, dont Mick Jagger et Michael Jackson, dans le cercle social d'Epstein.

Les nombreuses censures sur beaucoup de documents, combinées au contrôle strict exercé par les responsables de l'administration du président Donald Trump sur cette publication, ont suscité le scepticisme quant à savoir si cette divulgation fera taire les théories du complot sur une dissimulation à haut niveau.

Par exemple, sept pages listant 254 masseuses ont tous les noms cachés sous de larges barres noires avec la mention « censuré pour protéger les informations potentielles des victimes ».

Pourtant, ces fichiers éclairent certains liens intimes du financier déchu avec les riches, célèbres et puissants, Trump y compris.

Au moins un fichier contient des dizaines d'images censurées de personnes nues ou peu vêtues. D'autres montrent Epstein et ses compagnons, leurs visages masqués, posant avec des armes à feu.

Des photographies inédites incluent une image de Clinton, jeune, se relaxant dans un jacuzzi, une partie de l'image étant masquée par un rectangle noir.

Dans une autre, Clinton nage aux côtés d'une femme aux cheveux foncés qui semble être l'accomplice d'Epstein, Ghislaine Maxwell.

Une 'fraction' des preuves

La Maison Blanche n'a pas tardé à réagir à la présence de Clinton.

« Slick Willy ! @BillClinton juste en train de se détendre, sans souci. Il ne savait pas... » a posté le directeur de la communication Steven Cheung sur X.

« Oh là là ! » a ajouté la porte-parole Karoline Leavitt.

Mais les démocrates ont exprimé leur frustration que la publication soit bien en deçà de ce que prévoyait la loi Epstein Files Transparency Act, qui exigeait la totalité du dossier gouvernemental d'ici vendredi, limité seulement par des considérations légales et la protection de la vie privée des victimes.

« Cet ensemble de documents fortement censurés publié aujourd'hui par le ministère de la Justice n'est qu'une fraction de l'ensemble des preuves », a déclaré le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer.

« Publier simplement une montagne de pages noircies viole l'esprit de transparence et la lettre de la loi. Par exemple, les 119 pages d'un document ont été entièrement noircies. »

Trump, ancien ami proche d'Epstein, s'est battu pendant des mois pour bloquer la publication des dossiers liés à l'enquête sur Epstein, décédé en 2019 dans une cellule de prison à New York alors qu'il attendait son procès pour trafic sexuel.

Le président républicain a finalement cédé à la pression croissante du Congrès, y compris des membres de son propre parti, et a signé une loi le mois dernier obligeant la publication des documents pour vendredi.

Le procureur général adjoint Todd Blanche a indiqué que plusieurs centaines de milliers de documents seraient publiés le jour limite, avec beaucoup d'autres à venir dans les semaines suivantes.

Les procureurs gardent la discrétion de retenir les documents liés à des enquêtes en cours, et Blanche a précisé que des fichiers avaient aussi été censurés pour protéger l'identité des centaines de victimes d'Epstein.

'Hoax démocrate'

Trump évoluait autrefois dans les mêmes cercles festifs de Palm Beach et New York qu'Epstein, apparaissant avec lui lors d'événements dans les années 1990. Il a rompu les liens plusieurs années avant l'arrestation d'Epstein en 2019 et ne fait face à aucune accusation dans cette affaire.

Mais sa base d'extrême droite s'est longtemps focalisée sur l'affaire Epstein et les théories du complot affirmant que le financier dirigeait un réseau de trafic sexuel pour l'élite mondiale.

Lors de la campagne, Trump avait promis de publier tous les dossiers. Pourtant, après son retour au pouvoir, il a qualifié la demande de transparence de « hoax démocrate ».

Le FBI et le ministère de la Justice de Trump ont déclenché une tempête politique en juillet avec un mémo déclarant qu'il n'y aurait pas d'autres divulgations de l'enquête Epstein et que la fameuse « liste de clients » du financier n'existait pas.

Trump a ensuite mené une lutte contre la volonté du Congrès de rendre publics les dossiers avant de céder.

L'ancienne petite amie d'Epstein, Maxwell, reste la seule personne condamnée en lien avec ses crimes, ce qui alimente les soupçons de dissimulation parmi les partisans de Trump.

Maxwell, 63 ans, purge une peine de 20 ans pour avoir recruté des filles mineures pour Epstein, dont la mort a été jugée un suicide.