Les survivants des abus d'Epstein condamnent le ministère de la Justice pour la publication partielle des dossiers

Les représentants des victimes du délinquant sexuel condamné Jeffrey Epstein ont condamné vendredi le ministère américain de la Justice pour avoir seulement partiellement publié des documents d'enquête, tandis qu'au moins une survivante a déclaré se sentir « réhabilitée » par ces documents.

Les documents ont été publiés en vertu de la loi sur la transparence des dossiers Epstein, qui imposait ces divulgations avant le 19 décembre. La loi permet de retenir certains dossiers s'ils menacent des enquêtes en cours, perturbent la sécurité nationale ou identifient les victimes d'Epstein.

Cependant, la divulgation initiale ne semblait pas conforme à cette loi. Todd Blanche, le procureur général adjoint, a déclaré que le ministère de la Justice ne publierait pas tous ses dossiers vendredi, malgré la date limite, et les dossiers publiés vendredi après-midi ne semblaient pas exhaustifs. « Je m'attends à ce que nous publiions davantage de documents dans les prochaines semaines », a déclaré Blanche lors d'une interview sur Fox News.

Les principaux législateurs ont réagi en menaçant d'engager des poursuites « face à cette violation de la loi fédérale ».

Spencer Kuvin, avocat représentant les survivants d'Epstein, a déclaré dans un communiqué après la publication que ce n'était « pas une grande surprise » que le ministère de la Justice ne respecte pas la date limite.

« Malheureusement, le ministère de la Justice a traîné les pieds concernant ces documents pendant les 18 dernières années, donc les victimes ne s'attendent pas à beaucoup d'ouverture ou d'honnêteté », a déclaré Kuvin. « Ces jeunes femmes ont été trompées et à plusieurs reprises privées de justice par un système censé les protéger. Le public doit exiger davantage et continuer à demander des comptes. »

Gloria Allred, avocate ayant représenté plus de 20 survivantes d'Epstein, a déclaré à CNN après les divulgations que le ministère de la Justice avait à plusieurs reprises failli aux victimes.

« Il y a eu une résistance de cette administration à la publication des dossiers Epstein », a-t-elle dit. « La question est : y a-t-il une dissimulation ? Que cachent-ils ? Qu'y a-t-il là-dedans que certaines personnes puissantes ne voudraient peut-être pas voir révélé ? ... Les survivantes se battent pour obtenir la publication de tous les dossiers [parce qu'] elles veulent des comptes rendus. S'il y a des hommes riches, puissants, célèbres qui ont participé, aidé ou conspiré au trafic sexuel de mineures, elles veulent savoir qui sont ces personnes. Elles veulent connaître les preuves contre eux. »

Cependant, Jennifer Freeman, avocate représentant Maria Farmer, une survivante d'Epstein, a déclaré dans un courriel peu après la publication des dossiers que le fait que certains d'entre eux soient enfin rendus publics était un jour de « triomphe et de tragédie pour Maria et tant d'autres survivantes ».

Les dossiers, a-t-elle dit, confirment que Farmer avait signalé les crimes d'Epstein et de sa confidente, Ghislaine Maxwell, au FBI en 1996.

« Si le gouvernement avait fait son travail et enquêté correctement sur le signalement de Maria, plus de 1 000 victimes auraient pu être épargnées et 30 ans de traumatisme évités », a déclaré Farmer. « Après plusieurs années de demandes pour obtenir ses dossiers, le gouvernement en a enfin publié au moins certains aujourd'hui. » Freeman a souligné un document des dossiers qui, selon elle, vérifiait la plainte initiale de Farmer.

Sur CNN, Freeman a lu une déclaration au nom de Farmer, disant : « Merci de m'avoir crue. Je me sens réhabilitée. C'est l'un des meilleurs jours de ma vie. Bien sûr, c'est mêlé au fait que je suis dévastée pour toutes les autres filles ... qui ont été blessées parce que le FBI n'a pas fait son travail ... Je verse des larmes de joie pour moi-même, mais aussi des larmes de tristesse pour toutes les victimes. »

Farmer, artiste, a été l'une des premières à signaler les crimes sexuels d'Epstein et Maxwell dans les années 1990.

Trump a signé la loi imposant la divulgation des dossiers Epstein après des mois d'hésitation quant à son soutien à la publication de ces dossiers. Alors que Trump avait promis de publier ces dossiers pendant sa campagne, son ministère de la Justice a à plusieurs reprises manqué à cette promesse, publiant principalement des documents déjà accessibles au public.

Le ministère de la Justice a fait face à des critiques lorsqu'il a annoncé en juillet qu'il n'existait pas de liste de clients d'Epstein et a affirmé : « Bien que nous ayons travaillé pour fournir au public un maximum d'informations concernant Epstein et assuré l'examen de toute preuve en possession du gouvernement, il est déterminé par le ministère de la Justice et le FBI qu'aucune divulgation supplémentaire ne serait appropriée ou justifiée. »

Le Wall Street Journal a rapporté que le nom du président figurait à plusieurs reprises dans ces dossiers. Trump a nié toute connaissance ou implication dans les crimes d'Epstein et a vigoureusement nié toute faute.

« Ce n'est pas une nouvelle qu'Epstein était membre du club Mar-a-Lago, car c'est le même club dont Donald Trump a expulsé Epstein pour être un pervers », a déclaré précédemment la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. « Ces histoires sont des tentatives fatiguées et pathétiques de détourner l'attention de tous les succès de l'administration du président Trump. »

Lauren Hersh, directrice nationale de l'organisation anti-trafic World Without Exploitation, a déclaré avant les divulgations : « Il y a des centaines de milliers de dossiers à examiner - ce qui témoigne de l'horreur véritable des crimes d'Epstein. »

« Nous voulons nous assurer que notre gouvernement agit de bonne foi, en veillant à ce que les survivants soient protégés, que ceux qui ont causé du tort soient exposés et que les rouages de la justice tournent rapidement », a ajouté Hersh. « Il est grand temps que le public voie l'ampleur de la douleur et de l'injustice. »