Poutine : Moscou prêt à négocier, la balle est dans le camp de l’Ukraine et de l’Occident pour mettre fin à la guerre

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi, lors de son discours annuel qu’il tient depuis son accession au pouvoir, que la balle est dans le camp de l’Ukraine et de l’Occident pour mettre fin à la guerre.

Avec l’arrivée d’un nouvel hiver, Poutine a répété aux Russes pendant plusieurs jours que Moscou s’emparerait par la force des dernières régions de l’est de l’Ukraine en cas d’échec des efforts diplomatiques.

Le président, âgé de 73 ans, a déclaré lors de son discours traditionnel de fin d’année, retransmis en direct, que « la balle est entièrement dans le camp de nos adversaires occidentaux, les dirigeants du régime de Kiev et les entités européennes qui les soutiennent en premier lieu », affirmant que Moscou est prêt « à négocier et à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques ».

Cependant, il a accusé l’Occident de « tromperie » en poursuivant l’expansion de l’OTAN, promettant que son pays n’attaquerait pas d’autres pays « si vous nous traitez avec respect et prenez en compte nos intérêts ».

À cette occasion, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors d’une conférence de presse à Varsovie avec son homologue polonais Karol Nawrocki, a déclaré : « Sans l’indépendance de l’Ukraine, notre État, Moscou se dirigera inévitablement ici (en Pologne) et au cœur de l’Europe ».

L’opération militaire russe en Ukraine a débuté en février 2022 et est devenue le pire conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, causant la mort d’au moins des dizaines de milliers de personnes des deux côtés.

De vastes sanctions occidentales ont été imposées à la Russie, accompagnées d’une campagne de sécurité sans précédent contre l’opposition intérieure depuis l’époque soviétique.

Poutine, qui organise chaque année cette conférence depuis son arrivée au pouvoir, a déclaré : « Nos forces progressent sur toute la ligne de front... et l’ennemi recule dans toutes les directions ».

Il a ajouté lors de cet événement rythmé et retransmis sur des écrans géants à travers toute la Russie : « Je suis convaincu que nous connaîtrons encore plus de succès avant la fin de l’année ».

Renforcement des mesures de sécurité

Parallèlement à la conférence annuelle du président russe, des mesures de sécurité renforcées ont été prises autour du Kremlin et de la Place Rouge à Moscou, avec des restrictions de circulation dans certains secteurs. Des dizaines de véhicules de police ont été déployés dans les rues, selon les correspondants de l’Agence France-Presse.

La conférence de Poutine intervient alors que l’Union européenne tente désespérément d’aider Kiev à éviter la mise en œuvre d’un plan poussé par les États-Unis, considéré comme une soumission à Moscou, tandis que le Kremlin cherche à exclure l’Europe des négociations.

Poutine a durci le ton cette semaine, qualifiant les dirigeants de l’Union européenne de « cochons » et promettant de contrôler les territoires ukrainiens restants que la Russie a déclaré vouloir annexer « par des moyens militaires » si les négociations échouent.

Il a expliqué aux responsables du ministère de la Défense que « les objectifs de l’opération militaire spéciale seront assurément atteints », utilisant le nom officiel qu’il a donné à l’opération en Ukraine.

Lors de sa conférence vendredi, il a mis en garde contre des conséquences « graves » si l’Union européenne poursuivait sa proposition d’utiliser les avoirs russes gelés en Europe pour financer la défense ukrainienne.

Il a ajouté que cette démarche serait un « vol ». « Mais pourquoi ne peuvent-ils pas aller de l’avant avec ce vol ? Parce que les conséquences peuvent être sévères pour les voleurs », a-t-il dit.

Il a poursuivi : « Nous ne nous considérons pas responsables de la mort des gens parce que nous n’avons pas commencé cette guerre », attribuant la responsabilité du conflit aux autorités ukrainiennes.

Pendant sa conférence, Poutine répond à des questions de la presse et à des appels de citoyens ordinaires de toute la Russie, qui couvre douze fuseaux horaires différents à travers son vaste territoire.

Le Kremlin a indiqué avoir reçu environ trois millions de questions de citoyens.

Moscou contrôle de vastes parties de l’est de l’Ukraine et exige que Kiev abandonne davantage de territoires comme condition pour arrêter la guerre.

La Russie progresse rapidement sur le terrain depuis l’été, notamment dans la région méridionale de Zaporijjia.

Les combats violents se poursuivent en Ukraine malgré l’intensification des pourparlers séparés menés par les États-Unis avec les deux parties, tandis que Moscou, qui domine militairement, insiste sur la nécessité de parvenir à un accord avant un cessez-le-feu.

En novembre, l’armée russe a réalisé sa plus grande avancée en Ukraine en un an, selon des analyses de l’Agence France-Presse basées sur des données de l’Institut d’études de la guerre à Washington.

« La Russie est dans une position de négociation plus forte »

Le président américain Donald Trump a récemment souligné que la Russie est dans une position de négociation plus forte, suggérant que Kiev doit céder des territoires.

Les Européens craignent que Trump ne fasse pression pour un accord rapide qui céderait beaucoup de territoires à Moscou.

Lors d’une visite au Caire, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé vendredi une proposition européenne visant à créer une force multinationale pour superviser tout accord de paix potentiel en Ukraine, la qualifiant de menace « impudente » pour la Russie.

Le président russe a indiqué lors de sa conférence que les progrès récents en Ukraine pourraient pousser Kiev à conclure un accord.

Washington et Moscou font pression sur le président ukrainien pour organiser des élections présidentielles que Poutine a dit que la Russie pourrait suspendre ses frappes en profondeur en Ukraine le jour de leur tenue.

Ralentissement de l’économie russe

Poutine a également cherché à rassurer sur le ralentissement de l’économie russe, qui se concentre principalement sur les industries de défense depuis environ quatre ans.

Il a affirmé que l’économie russe est stable, comparant cela à la croissance ralentie en Europe.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie subit de lourdes sanctions et une inflation persistante. L’économie est au bord de la récession avec une croissance à peine supérieure à zéro.

La critique de l’opération militaire est interdite en Russie, et Moscou a infligé de lourdes amendes ou des peines de prison à ses détracteurs. Tous les opposants à Poutine sont soit en exil, soit en prison, soit décédés.

Lors de sa conférence de presse, le journaliste Kirill Paganov a demandé la main de sa compagne qui le suivait à la télévision et elle a accepté de l’épouser.

Le journaliste est venu avec une pancarte sur laquelle était écrit « Je veux me marier » et a demandé la main de sa compagne en direct.

Poutine n’a pas répondu à l’invitation du journaliste à assister au mariage ni à sa question sur le coût de la vie en Russie.

Il s’est contenté de dire : « Kirill a posé une question sur les conditions de vie matérielles des jeunes familles. Il est vrai que c’est l’homme qui doit apporter l’argent à la famille, donc nous allons rassembler de l’argent pour obtenir une somme suffisante pour le mariage ».