Qui est derrière le déplacement doux des Gazaouis ? Une enquête d'Al Jazeera révèle les détails

Un rapport publié par le journal Haaretz a révélé l'existence d'un réseau complexe et organisé derrière le transfert de centaines de Palestiniens de la bande de Gaza vers des pays tiers tels que l'Afrique du Sud, la Malaisie et l'Indonésie, impliquant principalement la société Al-Majd et le bureau israélien de l'immigration volontaire récemment créé.

Selon le rapport, un groupe d'environ 100 Palestiniens de Gaza a quitté Israël le mercredi soir 12 novembre 2025. Ils avaient quitté Gaza tôt le matin du même jour, et après avoir subi des contrôles de sécurité israéliens au passage de Kerem Shalom, ils ont été transportés en bus à l'aéroport Ramon près d'Eilat, où ils ont pris un vol charter vers Nairobi au Kenya, puis ont embarqué sur un autre avion charter qui a atterri à Johannesburg le jeudi matin.

Cependant, les Gazaouis ont été choqués d'apprendre que le gouvernement sud-africain refusait de les accueillir et souhaitait leur renvoi à Gaza. Selon des sources à l'aéroport qui ont accueilli le groupe et ont déclaré à Haaretz, les autorités sud-africaines ont refusé de laisser descendre les passagers, affirmant qu'ils n'étaient ni blessés, ni malades, ni titulaires d'une double nationalité.

Le journal a ajouté qu'il s'agissait du deuxième groupe de Gazaouis voyageant vers l'Afrique du Sud au cours des deux dernières semaines, notant que le groupe précédent avait suivi le même itinéraire et était entré à Johannesburg sans problème.

La Coordination des affaires gouvernementales israéliennes dans les territoires (COGAT) a déclaré que le départ des Gazaouis est généralement coordonné directement entre les autorités israéliennes et les pays d'accueil dans le cas des détenteurs de doubles nationalités ou des étudiants titulaires de visas d'études, ou via l'Organisation mondiale de la santé qui supervise l'évacuation des blessés et malades vers les pays hôtes.

Le journal a conclu qu'avant l'annonce du cessez-le-feu à Gaza, une source sécuritaire a déclaré qu'après que le président américain Donald Trump ait annoncé un plan pour transférer les habitants de Gaza hors de la bande, le gouvernement israélien avait décidé d'assouplir les restrictions pour les Palestiniens souhaitant partir, notamment en allégeant considérablement les critères de sécurité. Selon cette source, au moins 95 % des demandes de sortie sont désormais approuvées, contre un pourcentage beaucoup plus faible avant cette décision gouvernementale.

Israël autorise actuellement la sortie des habitants de Gaza par deux voies principales : leur transfert à l'aéroport Ramon si le pays d'accueil envoie un avion pour les récupérer, ou via le passage de Allenby Bridge vers la Jordanie. Jusqu'à présent, environ 7 000 Palestiniens ont quitté Gaza via le passage de Kerem Shalom, soit en direction de la Jordanie, soit pour voyager à l'étranger via l'aéroport Ramon, tandis qu'environ 30 000 autres sont sortis vers l'Égypte via le passage de Rafah.

Les itinéraires

Selon les informations obtenues par Haaretz, le dernier vol en date de novembre 2025 a quitté Gaza tôt le mercredi matin.

Depuis le passage de Kerem Shalom, ils ont été transportés en bus à l'aéroport Ramon près d'Eilat, où ils ont pris un vol charter vers Nairobi au Kenya. De là, ils ont embarqué sur un autre avion charter qui a atterri à Johannesburg le jeudi matin.

En examinant le registre des avions ayant quitté Eilat en direction du Kenya, il a été constaté la présence d'un avion appartenant à la compagnie FLYYO, une compagnie aérienne commerciale roumaine dirigée par le PDG Zeev Maybridge, de nationalité israélienne.

La société a commencé ses activités en Israël en février dernier, ce qui suscite des doutes quant à ses relations avec Israël. Un mois seulement après, le bureau de l'immigration israélien a annoncé le début du transfert des Gazaouis vers des pays d'Afrique et d'Asie au cours du même mois.

En examinant le registre des avions de la société, il apparaît qu'un avion immatriculé YR-ADD n'avait effectué aucun autre vol d'Israël vers l'Afrique, à l'exception de ce vol du 12 novembre.

Cet avion a quitté l'aéroport Ramon près d'Eilat le mercredi 12 novembre à 17h00 GMT (19h00 heure israélienne) et est arrivé à Nairobi à 21h59 GMT (23h59 heure israélienne).

Nous avons ensuite suivi l'avion qui a transporté les passagers de Nairobi vers l'Afrique du Sud. En consultant le registre de l'aéroport de Johannesburg, un seul avion est arrivé de Nairobi le jeudi 13 novembre 2025 au matin.

Il s'agit d'un avion de la compagnie sud-africaine Global Aviation, immatriculé ZS-GAC, un avion de transport commercial opérant habituellement sur la ligne passagers entre l'Afrique du Sud et le Kenya. L'avion a décollé à 02h07 GMT, environ cinq heures après l'arrivée du vol supposé avoir transporté les Gazaouis, et est arrivé à Johannesburg à 06h19 GMT.

Ce n'était pas la première fois que cet avion transportait des Gazaouis. Selon des rapports, le premier vol de transfert des Gazaouis a eu lieu le 19 mars 2025, lorsque 70 Gazaouis titulaires de nationalités étrangères ou ayant des liens familiaux à l'étranger ont quitté l'aéroport Ramon dans le sud d'Israël à bord d'un avion militaire roumain à destination de l'Europe. Les autorités israéliennes ont déclaré avoir aidé à cette évacuation dans le cadre de leur politique migratoire.

Nous avons effectivement trouvé un avion militaire roumain ayant quitté l'aéroport Ramon vers la Roumanie le 19 mars 2025, immatriculé 6166, modèle C130.

Ce vol a été répété le 17 septembre 2025, avec un autre avion militaire roumain immatriculé 9143, également un C130, qui a décollé de Ramon vers la Roumanie. Le même jour, plusieurs sources israéliennes ont rapporté que 550 personnes avaient quitté Gaza vers diverses destinations, dont la Roumanie. Le bureau de coordination (COGAT) a indiqué que la plupart des personnes ayant quitté Gaza ce jour-là étaient des patients palestiniens et leurs aidants.

Haaretz a rapporté qu'un groupe de 57 habitants de Gaza a quitté la bande le 27 mai 2025. La veille de leur départ, des dizaines d'habitants ont reçu un message via l'application WhatsApp avec une adresse précise dans la bande, où ils devaient se rendre. De là, ils ont été transportés en bus au passage de Kerem Shalom.

Le bus est ensuite parti après une fouille israélienne vers l'aéroport Ramon, où le groupe a embarqué sur un avion charter de la compagnie roumaine Flylili, qui s'est dirigé vers Budapest. De là, les passagers ont poursuivi leur voyage vers l'Indonésie et la Malaisie.

En examinant les vols de Flylili, nous avons constaté qu'elle avait bien effectué un vol d'Eilat à Budapest le 27 mai 2025, sous le numéro FL7000, un numéro unique sans vol similaire enregistré, contrairement aux vols répétés d'autres avions.

Haaretz a également rapporté qu'un groupe de 150 personnes a quitté Gaza le 27 octobre 2025 dans une opération similaire à celle de novembre, avec trois bus quittant la région centrale via Kerem Shalom, voyageant à bord d'un avion charter de la compagnie roumaine FlyYo vers Nairobi, puis transférés sur un autre avion charter de Lift vers Johannesburg, où ils ont été autorisés à entrer sans problème.

La compagnie roumaine FlyYo, qui a transporté les habitants de Gaza de l'aéroport Ramon vers le Kenya, exploite des vols charters quotidiens depuis l'aéroport Ben Gourion vers des destinations en Europe.

Le propriétaire de la compagnie aérienne, Zeev Maybridge, a confirmé les détails à Haaretz, mais a affirmé que FlyYo ne traite avec aucune entité, ajoutant qu'un agent de voyage israélien travaille avec la compagnie et a réservé les deux vols.

Selon les données de suivi, le groupe a décollé le 27 octobre 2025 du sud d'Israël vers Nairobi à bord d'un Airbus A320 immatriculé YR-ADD exploité par FlyYo.

Le groupe a ensuite poursuivi son voyage à 1h00 du matin le 28 octobre de Nairobi à Johannesburg sur le vol QS901, à bord d'un autre Airbus A320 de Global Aviation, faisant de l'Afrique du Sud leur destination finale.

Un rapport de février dernier mentionnait la compagnie FlyLili, indiquant qu'elle avait commencé à étendre ses opérations et à desservir Tel Aviv, ce qui soulève des doutes sur ses relations avec Israël.

Un mois plus tard, le bureau israélien de l'immigration a annoncé le début du transfert des Gazaouis vers des pays d'Afrique et d'Asie, comme avec FlyYo, et des accusations pèsent contre la compagnie pour avoir transporté des mercenaires en République démocratique du Congo.

Après examen des vols suspects, nous avons recherché les parties impliquées et extrait les principales conclusions concernant leurs activités et la falsification de la réalité de leurs opérations, ainsi que leur lien avec des sociétés écrans.

Un rapport publié par Yedioth Ahronoth cite un responsable militaire israélien affirmant que l'organisation "Association Al-Majd Europe" était responsable de la sortie de plus de 150 Palestiniens de la bande, et qu'Israël accompagnait les bus transportant les passagers de Gaza au passage de Kerem Shalom puis à l'aéroport Ramon pour leur transfert à l'étranger.

Activité déclarée : L'organisation "Al-Majd Europe" se présente sur son site officiel comme une entité humanitaire à but non lucratif, fondée en Allemagne en 2010 (sans preuve de cette date de création), visant à soutenir les communautés musulmanes affectées par les conflits. Son site présente des activités telles que l'aide médicale, l'éducation et les opportunités de développement durable, se vantant d'avoir fourni des corridors sûrs et évacué des centaines de personnes.

Son interface numérique est soignée et son discours humanitaire, mais le site manque d'enregistrement légal, de numéro d'enregistrement caritatif ou d'adresse réelle en Europe, se contentant de mentionner un siège dans le quartier Sheikh Jarrah à Jérusalem et des numéros WhatsApp pour contact.

L'organisation ne possède pas de branches en Allemagne comme elle le prétend. Une recherche approfondie n'a révélé aucune trace de branches sous ce nom, que ce soit via divers outils de recherche ou en allemand. Il semble que cette organisation se cache derrière cette affirmation pour se donner une fausse légitimité et faire croire à une portée internationale et une crédibilité, alors que la réalité est tout autre.

Analyse géographique : L'analyse géographique montre que le siège actuel de l'organisation, selon le site, est dans le quartier Sheikh Jarrah à Jérusalem, comme indiqué sur sa page Facebook et son site. Cependant, Google Maps ne montre aucune entreprise à ce nom à cette adresse, où se trouvent un hôpital et un café.

Contacts de l'organisation :

Numéro de téléphone : +972507556276

Numéro de Muaid (responsable) : +97259-928-6979

Numéro d'Adnan (responsable) : +97250-697-9005

Numéro d'Omar (responsable) : +97252-737-7343

Identité numérique : Malgré son discours humanitaire, les données analysées du site et des comptes numériques révèlent de grandes failles. De l'identité numérique soigneusement conçue à l'absence d'enregistrement légal ou d'adresse réelle, en passant par des numéros WhatsApp pour collecter des données sensibles, l'impression est celle d'une façade numérique trompeuse plutôt que d'une véritable organisation caritative.

Données du site officiel : Le domaine almajdeurope.org a été enregistré récemment le 2 février 2025 via Namecheap avec un service de confidentialité du propriétaire (Islande).

L'outil Scamadviser donne au site une "faible confiance", ce qui n'est pas une preuve absolue mais un signal d'alerte.

Contenu : Le site présente une interface élégante en arabe et anglais avec des sections sur "l'aide", "le travail médical", "les histoires de réussite", mais les images sont souvent générées par intelligence artificielle ou prises d'autres sites.

Transparence légale : Aucun numéro d'enregistrement caritatif européen ni document officiel ne prouve sa reconnaissance, aucune mention dans les bases de données de l'Union européenne.

Réseaux sociaux : Facebook : page créée en avril 2025 (très tardive par rapport à la prétendue création en 2010), inactive sans contenu notable.

Les abonnés critiquent majoritairement le Hamas et la situation à Gaza, dont un Gazaoui résidant en Israël.

Twitter (X) : compte inactif créé en décembre 2024, suit 10 comptes, suivi par 4 dont deux faux et un actif critiquant aussi le Hamas.

Instagram : compte inactif créé en février 2025, suivi par 21 personnes, majoritairement réelles.

LinkedIn : pas de compte réel malgré la mention sur le site.

Chronologie des activités

Responsables : l'un anti-Hamas, l'autre fictif

Le site présente deux responsables : "Muaid" comme directeur de projet et "Adnan" responsable du "Projet humanitaire de Jérusalem".

Les enquêtes révèlent que leurs identités sont douteuses, tant par leurs vraies identités que par les images et informations associées.

Muaid est un Gazaoui, coach sportif sans passé politique, qui selon l'organisation coordonne les projets d'aide humanitaire à Gaza, gère les ressources et partenaires, et assure un soutien efficace aux communautés affectées.

Une recherche inversée a permis de l'identifier comme une figure connue dans le milieu sportif de Gaza, notamment en lutte de bras.

Les comptes sociaux de Muaid montrent un discours anti-Hamas et un soutien à l'Autorité palestinienne, suivant plusieurs personnalités liées à cette dernière.

Il a annoncé avoir quitté Gaza en juin 2025 via un aéroport israélien, publiant une photo à côté d'un avion de Flylili, confirmée comme appartenant à cette compagnie.

Flylili a récemment signé des accords avec la compagnie israélienne Arkia, ce qui soulève des questions sur la nature de son départ et son rôle dans Al-Majd Europe.

L'analyse de la photo montre qu'elle correspond à un avion immatriculé YR-LIC de Flylili, le même qui a effectué le vol d'Eilat à Budapest en mai 2025, transportant des Gazaouis.

L'analyse des ombres et de la position de l'avion suggère que Muaid a probablement pris ce vol.

Une autre photo publiée par Muaid en octobre 2025 montre une tour à Jakarta, Indonésie, et un restaurant Cloud Lounge, confirmant sa présence là-bas.

Il a demandé à ses abonnés Instagram de soutenir sa famille pour quitter Gaza via GoFundMe.

Ses comptes Facebook, Instagram, Telegram et X sont actifs.

Sa femme, Reem Sidam, a demandé un soutien similaire en mai 2024 pour quitter Gaza.

La destination exacte de Muaid en juin 2025 n'est pas claire, mais il a probablement rejoint sa famille qui aurait aussi quitté Gaza.

Des photos publiées par sa femme montrent leurs enfants dans des écoles en Indonésie, une destination promue pour accueillir les Gazaouis déplacés, bien que le gouvernement indonésien ait nié à plusieurs reprises ces informations et refusé le déplacement des Palestiniens.

Un Gazaoui résidant en Belgique, Ali Shaath, a déclaré avoir contacté Muaid et affirmé qu'un groupe de citoyens allait être évacué, ayant reçu 1 400 dollars de 230 personnes inscrites sur le site.

Cependant, après quelques semaines, Ali Shaath a supprimé toutes ses déclarations sur Al-Majd Europe et n'en a plus parlé, affirmant avoir contacté personnellement Muaid pour confirmer ou infirmer les évacuations et vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une arnaque.

Cette vidéo soulève des questions sur la relation d'Ali Shaath avec l'organisation, d'autant plus qu'il a publié deux vidéos critiquant sa crédibilité et ses liens.

Ses pages personnelles montrent aussi une hostilité envers le Hamas, comme en témoigne une de ses publications.

Qui est la deuxième personne dans le projet Al-Majd Europe ?

Le site présente "Adnan" comme responsable du projet humanitaire de Jérusalem, mais aucune correspondance n'a été trouvée pour cette identité ou cette image via les moteurs de recherche ou des outils spécialisés comme TinEye, qui a examiné plus de 76,9 milliards d'images sans résultat.

L'outil Sightengine a classé l'image à 99 % comme générée par intelligence artificielle, avec des indices clairs d'utilisation de techniques GAN.

L'image montre des détails anormaux au niveau de la bouche et du visage, caractéristiques courantes des images générées par IA.

De plus, la recherche inversée montre que le visage ressemble à des images utilisées dans des campagnes promotionnelles de produits cosmétiques, suggérant qu'il s'agit d'un modèle générique ou d'une image IA à des fins publicitaires, et non d'une personne réelle.

Le numéro publié à côté d'"Adnan" sur le site est +97250-697-9005, un numéro israélien utilisé uniquement via WhatsApp sans bureau ni adresse fixe, renforçant les doutes sur son existence réelle.

La recherche des données liées à ce numéro montre qu'il est actif uniquement sur WhatsApp, sans autres comptes comme pour Muaid, ce qui soutient l'hypothèse qu'Adnan est une fausse identité servant de façade au site.

Conclusion : Adnan n'est probablement pas une personne réelle, son image est très probablement générée par IA, et il n'existe aucune trace de son nom ou de son image dans des bases de données publiques ou professionnelles. Son numéro figure dans des bases israéliennes, ce qui suggère une tentative de créer une fausse identité pour donner une crédibilité illusoire à l'organisation auprès des abonnés et donateurs potentiels.

Omar : Comme mentionné au début de l'enquête, l'organisation a listé Omar comme l'un des responsables contactables avec le numéro +972527377343. La recherche des comptes liés à ce numéro montre qu'il est associé à un compte WhatsApp affichant le logo de l'organisation, et à une personne nommée Omar Al-Qawasmi selon Truecaller, avec des comptes Facebook et Telegram.

Contrairement au numéro fictif d'Adnan, ce numéro est lié à des bases de données officielles palestiniennes, notamment le Bureau central des statistiques palestinien (PCBS), qui publie un rapport annuel officiel avec de nombreuses données statistiques sur la Palestine pour 2019.

Cependant, le site ne présente pas de photo personnelle ni d'informations claires sur Omar dans l'espace numérique, ce qui suggère que la seule personne réelle liée à l'organisation est Muaid, tandis que les autres n'ont aucune preuve d'existence réelle.

Activités fictives fabriquées et preuves visuelles révélant la fausseté de l'organisation

Outre les contradictions sur l'organisation, l'examen des matériaux visuels publiés sur son site officiel révèle l'ampleur de la falsification utilisée pour tromper le public et se donner une image humanitaire fausse.

La première chose qui frappe est l'utilisation d'images générées par intelligence artificielle, ce que les outils d'analyse ont clairement démontré, soulevant de sérieuses questions sur la crédibilité des responsables du site et leur véritable identité.

Une image analysée avec l'outil Sightengine a été identifiée à 99 % comme générée par IA, utilisant un modèle GPT-4o à 98 %.

Cela renforce les soupçons que l'organisation tente de présenter une façade visuelle trompeuse pour se donner une légitimité illusoire, d'autant plus que l'entreprise n'a pas de présence réelle sur Google Maps ni de photos de ses locaux.

De plus, le site a publié des photos de camps médicaux de terrain en prétendant fournir des services de santé aux victimes, affirmant posséder 15 cliniques mobiles et plus de 200 spécialistes médicaux.

Cependant, la recherche inversée a révélé que l'image provient d'une tente installée par l'hôpital koweïtien à Khan Younès, et aucune source indépendante ne confirme les chiffres ou activités revendiqués.

L'organisation a également publié une histoire humanitaire sur l'évacuation d'une femme nommée "Mona" de la guerre en Syrie en 2013, utilisant une photo d'une femme dans une ville animée.

La recherche inversée a montré que la femme est en réalité Abeer Khayyat, évacuée de Syrie en 2018, alors que la photo originale publiée sur Middle East Eye date de 2012.

Ces exemples illustrent comment l'organisation utilise des images et histoires fictives ou volées pour tromper l'opinion publique et donner une fausse légitimité humanitaire à ses activités, alors que les preuves montrent le contraire.

Le voyage en Indonésie : façade de formation médicale et réalité de déplacement

En avril 2024, l'organisation a publié un rapport sur le voyage d'un groupe de médecins de Gaza en Indonésie sous prétexte de formation médicale, une démarche apparemment humanitaire mais qui soulève des questions sur son intégration dans un programme plus large visant à réinstaller les Palestiniens à l'étranger.

Des sites israéliens comme The Times of Israel ont publié en mars 2025 (un mois avant le rapport de l'organisation) une information sur un programme pilote pour transférer 100 Gazaouis en Indonésie, suivi de milliers d'autres si le projet réussissait, ce qui coïncide avec le discours de l'organisation se présentant comme humanitaire alors que la réalité semble s'aligner sur d'anciennes politiques israéliennes visant à vider Gaza de ses habitants.

Ce qui rend les objectifs réels plus clairs, c'est le formulaire d'inscription sur le site officiel, qui stipule explicitement que le service est réservé uniquement aux résidents de Gaza, ciblant ainsi précisément une catégorie spécifique de Palestiniens, et non l'ensemble des réfugiés ou nécessiteux comme prétendu.

Ainsi, le projet s'inscrit directement dans les politiques de déplacement, en collectant des données personnelles sensibles uniquement auprès des habitants de Gaza, qui pourraient être utilisées dans des arrangements liés à la déportation ou à la réinstallation sous couvert humanitaire.

Par conséquent, les prétendus rôles humanitaires d'Al-Majd Europe pourraient correspondre à deux hypothèses : soit un écran pour un projet politique israélien visant à déporter progressivement les habitants de Gaza, soit une organisation fictive destinée à la fraude financière et à la collecte de données sensibles via de fausses promesses d'immigration ou d'aide.

2. Le bureau de l'immigration en Israël

Ce bureau est l'une des principales entités impliquées dans le déplacement des Gazaouis. Le rapport de Haaretz indique que le bureau israélien de l'immigration coordonne et facilite la sortie des Gazaouis.

Nous avons enquêté sur ce bureau, qui a été créé le 23 mars 2025. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé que le cabinet de sécurité israélien avait approuvé la création d'un "bureau de l'immigration volontaire pour les habitants de Gaza souhaitant se rendre dans des pays tiers", conformément au droit israélien et international.

Il a déclaré que la direction travaillerait en coordination avec des organisations internationales et d'autres agences gouvernementales, selon les directives du gouvernement, et coordonnerait les activités des ministères concernés, tout en respectant la loi israélienne et internationale.

Katz a indiqué que le départ des Palestiniens de Gaza — accusé de nettoyage ethnique — serait effectué via "l'établissement de routes et de points de contrôle sécuritaires pour les piétons aux passages désignés à l'intérieur de Gaza, ainsi que la coordination de la création d'infrastructures permettant le passage par voie terrestre, maritime et aérienne vers les pays ciblés".

La période de création du bureau coïncide avec la création de la page Facebook d'Al-Majd Europe en avril 2025.

Cette coïncidence temporelle suggère qu'Al-Majd Europe n'est pas une organisation humanitaire ordinaire, mais fait partie d'un réseau organisé lié aux opérations migratoires et d'asile menées sous une couverture officielle ou semi-officielle, soutenue par des bureaux et services d'immigration voyant une opportunité d'exécuter les plans de l'occupation.

Le premier vol de transfert des Gazaouis a eu lieu le 19 mars, lorsque 70 Gazaouis titulaires de nationalités étrangères ou ayant des liens familiaux à l'étranger ont quitté l'aéroport Ramon dans le sud d'Israël à bord d'un avion militaire roumain à destination de l'Europe. Les autorités israéliennes ont déclaré avoir aidé à cette évacuation dans le cadre de leur politique migratoire.

Tomer Lind, une figure clé de l'affaire

Haaretz a rapporté qu'un Israélo-Estonien nommé Tomer Lind est derrière l'organisation Al-Majd Humanitaire, son nom apparaissant dans des documents et correspondances liés aux voyages.

Tomer Lind est un homme d'affaires détenant les nationalités israélienne et estonienne, fondateur d'une société de conseil en Estonie appelée Talent Globus OÜ en juillet 2024.

Talent Globus est une société officiellement enregistrée en Estonie, créée récemment en juillet 2024, offrant des services de conseil et de recrutement spécialisés.

Elle vise à connecter les institutions leaders avec des talents mondiaux via des solutions de recrutement et de conseil stratégique pour favoriser une croissance durable des entreprises.

Basée à Tallinn, capitale de l'Estonie, elle se concentre sur l'amélioration continue de la qualité du recrutement et la sélection des compétences adaptées aux objectifs des entreprises.

Les registres estoniens montrent que Tomer Lind est le seul membre du conseil d'administration.

La société n'a aucun employé enregistré à part lui.

Son capital social est de seulement 301 euros et son chiffre d'affaires au troisième trimestre 2025 était de 47 289 euros, ce qui soulève de sérieux doutes sur la réalité de cette entreprise.

Elle déclare avoir une succursale à l'adresse : Harju maakond, Tallinn, Kesklinna linnaosa, Tornimäe tn 5, 10145.

Son site web mentionne deux autres adresses de succursales.

À l'instar d'Al-Majd Europe, Talent Globus OÜ présente un statut similaire d'absence d'adresse réelle ou de preuve tangible dans les pays où elle prétend avoir des succursales, ce qui soulève des questions sur la crédibilité et la transparence de ces entités.

Informations sur le site :

Tomer Lind : fondateur et PDG

David Chen : chef du conseil

Maria Rodriguez : directrice du recrutement mondial

Aucune trace des comptes sociaux de ces personnes, sauf pour Tomer Lind. Les recherches approfondies ont révélé des éléments suspects.

Tomer Lind possède un compte Facebook et LinkedIn. Une recherche inversée a révélé que "James Thomson" et "Maria Rodriguez" sont des identités utilisées ailleurs, probablement fictives.

Les images associées sont utilisées comme témoignages clients sur divers sites, souvent avec des noms différents.

Ces images proviennent de banques d'images libres de droits comme Unsplash, publiées bien avant la création de Talent Globus.

Conclusion :

Seul Tomer Lind est une personne réelle liée à cette société, tandis que les autres membres sont probablement fictifs, utilisant des images et noms empruntés.

Cela suggère que la structure et les actifs de la société reposent sur des informations trompeuses ou fausses, renforçant l'hypothèse d'une société fictive utilisée à des fins douteuses, à l'instar d'Al-Majd Europe.

Kalev Consulting

Cette société de conseil privée prétend offrir des services variés incluant conseil, réinstallation, soutien logistique et autres services gouvernementaux, avec un siège déclaré à Doha, Qatar. Son fondateur principal est Tom Lind (alias Tomer Janar Lind), qui se présente comme fondateur et conseiller principal.

Selon les informations disponibles, Kalev Consulting offre des services spécialisés.

Un élément suspect est l'absence d'informations sur les employés et la structure organisationnelle.

Informations d'enregistrement (WHOIS) :

Domaine : kalevconsulting.com

Adresse IP : 162.0.217.84

Registrar : NameCheap, Inc.

Serveur WHOIS : whois.namecheap.com

Date de création : 23 mai 2025 (coïncidant avec les vols de déplacement des Palestiniens) et la période d'activité de Talent Globus.

Date d'expiration : 23 mai 2026.

Le Jerusalem Post a rapporté que selon la page LinkedIn de Lind, il a fondé Kalev Consulting à Doha en janvier 2025. La société prétend offrir "un soutien au déplacement et au voyage" et "une coordination avec le gouvernement et les ONG", mais son numéro de téléphone est invalide et son siège est indiqué à Dubaï.

Nous avons trouvé des enregistrements officiels d'entreprises créées ou dirigées par Lind au Royaume-Uni, certaines étant des sociétés fictives ou des façades.

Adresses enregistrées au Royaume-Uni

Entreprises fondées ou gérées par Lind au Royaume-Uni

(Probablement des sociétés écrans pour des activités douteuses)

Ces entreprises impliquent Lind et plusieurs autres personnes suspectes.

Note : Elles ne sont pas nécessairement liées aux déplacements, mais leurs enregistrements et dates sont suspects, surtout qu'elles appartiennent toutes à la même personne israélo-estonienne (Tomer Lind).

Changements fréquents dans la direction et démissions ont suscité des soupçons.

Les sociétés écrans sont des entités commerciales existant uniquement sur papier, sans opérations actives, actifs importants ou présence physique.

Israël a déjà utilisé ce modèle pour masquer les responsables d'opérations, comme dans l'affaire "The Pager" impliquant plusieurs sociétés écrans liées au Hezbollah.

Extrême droite et plans de vidage de Gaza : Kobi Blitstein et son lien avec le bureau de l'immigration

Haaretz a lié les vols aux activités du bureau de l'immigration volontaire créé en mars 2025 pour le déplacement des Gazaouis. En enquêtant sur l'historique de Blitstein lié au déplacement, nous avons trouvé :

En mars 2025, après une réunion de Katz avec des responsables militaires, la création du bureau de l'immigration volontaire a été annoncée, avec Kobi Blitstein nommé à sa tête.

Le colonel de réserve Kobi Blitstein est un haut fonctionnaire israélien expérimenté dans l'administration publique et militaire, né le 3 mai 1960 dans le kibboutz Yad Mordechai. Il a servi 25 ans dans les communications de l'armée israélienne, quittant avec le grade de colonel de réserve.

Sa carrière a été marquée par des postes de haut niveau dans plusieurs ministères israéliens, notamment chef du projet "Routes d'Israël" avec un budget de 27,5 milliards de shekels (2011-2016), directeur adjoint du ministère des Transports (2016-2020), directeur par intérim du ministère des Finances (2021), directeur général du ministère de l'Énergie (2023-2024), directeur général du ministère des Affaires étrangères (2023-2024), et actuellement directeur adjoint du ministère de la Défense depuis novembre 2024.

Le bureau dépend du ministère de la Défense et vise à coordonner les efforts pour faciliter le départ volontaire des habitants de Gaza vers des pays tiers. Le ministre Katz a déclaré qu'au moins 40 % des habitants de Gaza sont intéressés par l'émigration selon des enquêtes israéliennes.

Lien de Blitstein avec les ministres extrémistes Katz et Smotrich

Blitstein entretient une relation étroite avec le ministre de la Défense Israël Katz, ayant été impliqué dans des dossiers majeurs, notamment comme directeur général du ministère de l'Énergie en janvier 2023 pendant la guerre "Épées de fer", puis directeur général du ministère des Affaires étrangères la même année, et depuis novembre 2024 comme directeur adjoint du ministère de la Défense. Katz l'a choisi pour diriger la nouvelle direction du déplacement volontaire des habitants de Gaza en mars 2025.

Il partage ce rôle avec le ministre des Finances Smotrich, moteur principal du projet, qui a annoncé publiquement en mars 2025 l'intention du gouvernement Netanyahu-Katz de créer une "administration de l'immigration" supervisant le transfert des habitants de Gaza depuis la bande côtière, estimant qu'Israël pourrait déplacer 1,8 million de Palestiniens en six mois en transférant 5 000 Gazaouis par jour.

Smotrich a également indiqué que le gouvernement travaille avec l'administration du président américain Donald Trump pour identifier les pays d'accueil, affirmant que "au moins 40 % des habitants de Gaza souhaitent émigrer".

La nomination de Blitstein à la tête de cette direction s'inscrit dans un contexte plus large, selon des observateurs internationaux, comme une étape dans un plan controversé de "nettoyage ethnique". Tandis que Blitstein est nommé à ce poste, Smotrich publie un tweet le félicitant, qualifiant cette étape de cruciale pour les générations futures du peuple juif (une étape d'éloignement et de déplacement des Palestiniens).