L'UE débloque 90 milliards d'euros pour l'Ukraine sans recours aux avoirs russes gelés
Les Européens financent l'effort de guerre de l'Ukraine par un emprunt commun de 90 milliards d'euros sans utiliser les avoirs russes gelés.
SUMMARY
Les 27 États membres de l'Union européenne ont décidé de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt commun de 90 milliards d'euros, sans recourir aux avoirs russes gelés faute d'accord. Cette décision vise à assurer un soutien financier durable à Kiev, qui risquait d'être à court d'argent dès début 2026. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué ce soutien important qui renforce la résilience de son pays.
KEY HIGHLIGHTS
- L'UE finance l'effort de guerre ukrainien avec un emprunt commun de 90 milliards d'euros.
- Pas d'utilisation des avoirs russes gelés faute d'accord entre les États membres.
- L'Ukraine reçoit un prêt à taux zéro remboursable uniquement si la Russie paie des réparations.
- La Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque sont exemptées de cet accord.
- Le président ukrainien Volodymyr Zelensky salue ce soutien comme un renforcement de la résilience.
CORE SUBJECT
Financement de l'effort de guerre ukrainien par l'Union européenne
Les Européens ont décidé vendredi de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, sans toutefois avoir recours aux avoirs russes faute d'accord. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué cette décision, indiquant qu'il "s'agit d'un soutien important qui renforce véritablement notre résilience".
Financer l'effort de guerre de l'Ukraine pendant au moins deux ans. C'est ce qu'ont décidé les Européens, vendredi 19 décembre, via un emprunt en commun de 90 milliards d'euros, mais sans recours aux avoirs russes faute d'accord sur cette solution inédite.
Les dirigeants des 27 États membres devaient coûte que coûte trouver une solution durable pour Kiev, qui risquait d'être à court d'argent dès le premier trimestre 2026. Ils s'étaient engagés à assurer l'essentiel du soutien financier et militaire après la fermeture du robinet américain décidée par le président Donald Trump.
"C'est un message décisif pour mettre fin à la guerre, car (Vladimir) Poutine ne fera des concessions que lorsqu'il comprendra que sa guerre ne lui rapportera rien", a assuré le chancelier allemand Friedrich Merz à l'issue de cet accord arraché au milieu de la nuit à Bruxelles.
Le dirigeant allemand soutenait pourtant depuis des mois une utilisation des avoirs gelés russes en Europe pour financer ce prêt. Il a quitté Bruxelles sans avoir eu gain de cause, et est contraint par ailleurs d'accepter un report de la signature d'un accord de libre-échange avec les pays sud-américains du Mercosur, obtenu par la France et l'Italie.
"Il s'agit d'un soutien important qui renforce véritablement notre résilience", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'était déplacé à Bruxelles pour mieux marteler son message, en remerciant les dirigeants européens. "Il est important que les actifs russes restent immobilisés et que l'Ukraine ait reçu une garantie de sécurité financière pour les années à venir", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Volodymyr Zelensky n'a été que partiellement entendu, après avoir, lui aussi, plaidé sans relâche pour faire payer la Russie. L'Ukraine reste toutefois assurée d'avoir les fonds nécessaires alors que les combats continuent en dépit d'intenses négociations en cours.
"Nous avons tenu promesse"
Faute d'accord sur ce recours aux avoirs de la banque centrale russe, totalement inédit et à haut risque, les 27 se sont ralliés à un emprunt commun. "Nous nous sommes engagés, nous avons tenu promesse", s'est félicité devant la presse le président du Conseil européen, Antonio Costa, qui a mené les travaux de ce sommet.
"Garantir 90 milliards d'euros à un autre pays pour les deux prochaines années, je ne crois pas que cela se soit jamais vu dans notre histoire", a jugé la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, dont le pays assure la présidence du Conseil de l'UE jusqu'à la fin de l'année. Maintenant, "il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine", a de son côté jugé le président français Emmanuel Macron.
Les besoins de financement de Kiev ont été estimés à 137 milliards d'euros, l'Union européenne s'engageant à prendre en charge les deux tiers, soit 90 milliards d'euros. Le reste devant être assuré par les autres alliés de l'Ukraine, comme la Norvège ou le Canada.
Les 27 vont accorder à Kiev un prêt à taux zéro, financé par le budget de l'Union européenne, que l'Ukraine n'aura à rembourser que si la Russie lui paie des réparations, a précisé devant la presse la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
"Après de longues discussions", il est clair que le recours aux avoirs russes "nécessite davantage de travail", avait reconnu dans la nuit de jeudi à vendredi un responsable européen, sous couvert d'anonymat.
Un accord butait depuis des semaines sur la vive réticence de la Belgique, où se trouve l'essentiel de ces avoirs gelés, soit quelque 210 milliards d'euros. L'idée était d'y recourir pour financer un "prêt de réparation" de 90 milliards en faveur de l'Ukraine. Des heures de tractations, entre diplomates puis au niveau des dirigeants européens, réunis jeudi soir en conclave, n'ont pas permis de dégager un compromis.
"Les jeux sont faits"
Le Premier ministre belge, Bart De Wever, avait, dès octobre, exigé de ses partenaires des garanties quasi illimitées pour parer le risque d'un remboursement anticipé ou de représailles russes. Et si les autres pays de l'UE se sont dit prêts à être solidaires, pas question néanmoins pour eux de signer un chèque en blanc à la Belgique.
"Les jeux sont faits, tout le monde est soulagé", a déclaré le chef du gouvernement belge, tout sourire, à l'issue de ce sommet à haut-risque. L'accord sur l'emprunt a été trouvé à 27, mais l'opération ne se fera qu'à 24, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque - trois pays réticents à soutenir financièrement l'Ukraine - en étant exemptés.
Le président américain s'est à nouveau impatienté jeudi, invitant l'Ukraine à "bouger rapidement", avant que la Russie ne "change d'avis".
KEYWORDS
MENTIONED ENTITIES 14
Volodymyr Zelensky
👤 Person_MalePrésident ukrainien
Union européenne
🏛️ OrganizationOrganisation politique et économique regroupant 27 États membres
Friedrich Merz
👤 Person_MaleChancelier allemand
Antonio Costa
👤 Person_MalePrésident du Conseil européen
Mette Frederiksen
👤 Person_FemalePremière ministre danoise
Emmanuel Macron
👤 Person_MalePrésident français
Ursula von der Leyen
👤 Person_FemalePrésidente de la Commission européenne
Bart De Wever
👤 Person_MalePremier ministre belge
Belgique
📍 Location_CountryPays où se trouvent les avoirs russes gelés
Hongrie
📍 Location_CountryPays exempté de l'accord de prêt
Slovaquie
📍 Location_CountryPays exempté de l'accord de prêt
République tchèque
📍 Location_CountryPays exempté de l'accord de prêt
Mercosur
🏛️ OrganizationBloc commercial sud-américain
Donald Trump
👤 Person_MaleAncien président des États-Unis
NOTABLE QUOTES 6
""Il s'agit d'un soutien important qui renforce véritablement notre résilience""
Context: Réaction à la décision de l'UE de financer l'effort de guerre ukrainien
""C'est un message décisif pour mettre fin à la guerre, car (Vladimir) Poutine ne fera des concessions que lorsqu'il comprendra que sa guerre ne lui rapportera rien""
Context: Déclaration après l'accord européen sur le financement
""Nous nous sommes engagés, nous avons tenu promesse""
Context: Déclaration à la presse sur l'accord de financement
""Garantir 90 milliards d'euros à un autre pays pour les deux prochaines années, je ne crois pas que cela se soit jamais vu dans notre histoire""
Context: Commentaire sur l'ampleur du soutien financier
""Il va redevenir utile de parler à Vladimir Poutine""
Context: Réflexion sur la diplomatie après l'accord
""Les jeux sont faits, tout le monde est soulagé""
Context: Réaction à l'issue du sommet européen