EU agrees to €90 billion loan for Ukraine, without frozen Russian assets

Les dirigeants européens ont décidé vendredi de financer l'effort de guerre de l'Ukraine pour au moins deux ans via un prêt commun de 90 milliards d'euros, sans recourir aux avoirs russes gelés faute d'accord. Kyiv risquait de manquer d'argent dès le premier trimestre 2026.

Les dirigeants de l'UE ont conclu un accord vendredi pour fournir à l'Ukraine un prêt de 90 milliards d'euros afin de combler ses déficits budgétaires imminents, mais n'ont pas réussi à s'entendre sur l'utilisation des avoirs russes gelés pour financer cette somme.

L'accord conclu au milieu de la nuit lors du sommet à Bruxelles offre à Kyiv une bouée de sauvetage indispensable alors que le président américain Donald Trump pousse pour un accord rapide afin de mettre fin à la guerre de près de quatre ans avec la Russie.

"La décision d'aujourd'hui fournira à l'Ukraine les moyens nécessaires pour se défendre et soutenir le peuple ukrainien", a déclaré Antonio Costa, président du Conseil européen, qui a présidé le sommet.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a écrit sur X que l'accord "est un soutien significatif qui renforce véritablement notre résilience", ajoutant : "Il est important que les avoirs russes restent immobilisés et que l'Ukraine ait reçu une garantie de sécurité financière pour les années à venir."

Dans un message sur Telegram, le principal négociateur économique du Kremlin, Kirill Dmitriev, a salué l'échec de "l'utilisation illégitime des avoirs russes pour financer l'Ukraine", ajoutant que "pour l'instant, la loi et le bon sens ont remporté une victoire".

Après avoir cherché une solution, les dirigeants de l'UE ont opté pour un prêt sur deux ans garanti par le budget commun du bloc.

L'option numéro un sur la table était d'utiliser environ 200 milliards d'euros d'avoirs de la banque centrale russe gelés dans l'UE pour générer un prêt pour Kyiv.

Mais ce plan a été abandonné après que la Belgique, où se trouvent la majorité des avoirs, a exigé des garanties sur le partage des responsabilités, ce qui a été trop contraignant pour d'autres pays.

Le Premier ministre Bart De Wever a déclaré aux journalistes à la fin du sommet qu'il croyait que "la rationalité a prévalu".

"Toute cette affaire était si risquée, si dangereuse, et soulevait tant de questions - c'était comme un navire qui coule, comme le Titanic. Le sort est jeté maintenant - et tout le monde est soulagé."

Le chancelier allemand Friedrich Merz avait fortement soutenu le plan d'utilisation des avoirs, mais a déclaré que la décision finale sur le prêt "envoie un signal clair" au président russe Vladimir Poutine.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré que l'Ukraine ne devrait rembourser le prêt que lorsque Moscou paiera pour les dommages causés.

L'utilisation d'une dette commune nécessite une décision unanime des 27 pays de l'UE, et les sceptiques Hongrie, Slovaquie et République tchèque ont obtenu une exemption pour éviter un blocage.

"C'est moral"

L'UE estime que l'Ukraine a besoin de 135 milliards d'euros supplémentaires pour rester à flot au cours des deux prochaines années, avec une crise de liquidités prévue dès avril.

Zelensky a dit aux dirigeants de l'UE au début du sommet jeudi que l'utilisation des avoirs russes était la bonne voie.

"Les avoirs russes doivent être utilisés pour se défendre contre l'agression russe et reconstruire ce qui a été détruit par les attaques russes. C'est moral. C'est juste. C'est légal", a déclaré Zelensky.

Bien que Kyiv puisse être déçu que l'UE n'ait pas franchi le pas avec les avoirs, obtenir un financement d'une autre manière reste un soulagement.

Zelensky a dit aux dirigeants que Kyiv avait besoin d'une décision avant la fin de l'année, et que mettre son pays sur des bases plus solides pourrait lui donner plus de levier dans les négociations pour mettre fin à la guerre.

Ukraine, négociations avec les États-Unis

Parallèlement aux discussions de l'UE, Washington a poussé ses propres efforts pour forger un accord pour mettre fin à la guerre.

Jusqu'à présent, Washington a largement mis l'Europe à l'écart des négociations, mais le président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il était temps pour le continent de commencer à parler directement avec Moscou.

"Je crois que c'est dans notre intérêt en tant qu'Européens et Ukrainiens de trouver le bon cadre pour réengager cette discussion", a-t-il dit, ajoutant que les Européens devraient trouver les moyens de le faire "dans les semaines à venir".

Zelensky a annoncé que les délégations ukrainienne et américaine tiendraient de nouvelles discussions vendredi et samedi aux États-Unis.

Il a dit qu'il voulait que Washington donne plus de détails sur les garanties qu'il pourrait offrir pour protéger l'Ukraine d'une nouvelle invasion.

"Que feront les États-Unis d'Amérique si la Russie revient avec une nouvelle agression ?" a-t-il demandé. "Que feront ces garanties de sécurité ? Comment fonctionneront-elles ?"

Trump a néanmoins maintenu la pression sur Kyiv, disant encore qu'il espérait que l'Ukraine "avance rapidement" pour conclure un accord.