La saison des fêtes, une machine mondiale de dépenses
Les fêtes ne sont plus seulement des occasions sociales, mais un phénomène économique mondial influençant dépenses et tourisme.
SUMMARY
L’article traite de l’impact économique majeur de la saison des fêtes de Noël et du Nouvel An sur les consommateurs et les marchés mondiaux, en mettant l’accent sur les différences entre le modèle économique occidental et celui du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, où la saison devient un moteur économique touristique et expérientiel dans certains pays.
KEY HIGHLIGHTS
- La saison des fêtes représente un choc de demande saisonnier concentré dans le temps, affectant les comportements des consommateurs et les chaînes d’approvisionnement.
- Aux États-Unis, les dépenses ont dépassé le trillion de dollars avec une croissance plus rapide du commerce électronique.
- Dans le Golfe, la saison des fêtes est le pic de la saison touristique avec des taux d’occupation hôtelière et des prix en hausse.
- En Arabie saoudite, l’économie saisonnière est portée par les événements et le tourisme intérieur avec une croissance des dépenses des visiteurs internationaux.
- Au Liban, le rôle de la diaspora augmente la demande saisonnière malgré la baisse de la contribution du tourisme au PIB.
CORE SUBJECT
Impact économique de la saison des fêtes de Noël et du Nouvel An
Affluence dans un centre commercial à Strasbourg pendant les achats de Noël. (AFP)
Les fêtes ne sont plus de simples occasions sociales ou religieuses, elles sont devenues l’un des phénomènes économiques les plus réguliers et influents au monde. La période de Noël et du Nouvel An représente un choc de demande saisonnier concentré dans le temps, où se reprogramment les comportements des consommateurs, les chaînes d’approvisionnement, les marchés du travail, ainsi que les décisions de tarification et d’investissement. En quelques semaines, des centaines de milliards de dollars affluent dans les secteurs du commerce de détail, du voyage, de l’hôtellerie et du commerce électronique, dans un paysage économique intense qui ne se répète à aucun autre moment de l’année.
À l’échelle mondiale, les données des dernières saisons de Noël et du Nouvel An indiquent que le volume des dépenses est sans précédent. Aux États-Unis seulement, les dépenses pendant la saison des fêtes ont dépassé pour la première fois la barre du trillion de dollars, avec une dépense moyenne par personne d’environ 890 dollars, incluant cadeaux, nourriture, décorations et voyages. Il est remarquable que le commerce électronique soit devenu le moteur à la croissance la plus rapide, avec des augmentations annuelles comprises entre sept et neuf pour cent, comparé à une croissance plus lente des magasins traditionnels. Ces chiffres reflètent une transformation structurelle et non conjoncturelle, car la « pression temporelle » sur les achats de fin d’année valorise la rapidité, la fiabilité et les services logistiques, amplifiant les profits de ceux qui peuvent assurer une livraison rapide.
Sur le plan économique, l’importance de la saison de Noël et du Nouvel An réside non seulement dans l’augmentation des dépenses, mais aussi dans leur concentration sur une courte période. Cette pression accroît la demande de main-d’œuvre temporaire, augmente les coûts de stockage et de financement, et rend toute perturbation dans les chaînes d’approvisionnement extrêmement coûteuse. Une part importante de ces dépenses est également financée par le crédit, faisant de cette saison un véritable test de la santé des budgets familiaux et de leur capacité à supporter des taux d’intérêt élevés, notamment dans des environnements marqués par l’inflation ou un resserrement monétaire.
Mais la différence réelle apparaît en passant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ici, la saison des fêtes ne fonctionne pas selon le modèle occidental traditionnel basé uniquement sur les familles et les cadeaux, mais se transforme aussi, notamment pour le Nouvel An, en une économie touristique et expérientielle par excellence. Dans les pays du Golfe, la fin d’année représente le pic de la saison touristique. Par exemple, les Émirats arabes unis ont enregistré des taux d’occupation hôtelière proches de 79 % au cours des premiers mois de 2025, avec une augmentation moyenne des prix des chambres d’environ six pour cent. À de tels niveaux d’occupation, les jours du Nouvel An deviennent une source de profits exceptionnels, les prix augmentant et des durées minimales de séjour étant imposées, ce qui multiplie les revenus sur une fenêtre temporelle étroite.
En Arabie saoudite, le modèle semble différent mais tout aussi intense. L’économie saisonnière y est portée par « l’économie des événements » et le tourisme intérieur. Au seul premier trimestre 2025, les dépenses des visiteurs internationaux ont dépassé 49 milliards de riyals (13 milliards de dollars), enregistrant une croissance d’environ 10 % en glissement annuel, avec un excédent clair dans la balance des voyages. Les grands événements et les saisons de divertissement transforment la fin d’année en un moteur de la demande, qui se répercute directement sur les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des transports et des paiements électroniques.
Dans les pays du Levant et d’Afrique du Nord où Noël a une présence culturelle plus large, l’impact économique dépend d’autres facteurs : le pouvoir d’achat, la stabilité monétaire et les flux des expatriés. Au Liban, par exemple, les taux d’occupation des avions pendant la période des fêtes atteignent environ 90 %, reflétant le rôle de la diaspora dans la stimulation de la demande saisonnière. Cependant, cet impact reste limité en raison de la baisse du nombre total de visiteurs et de la diminution de la contribution du tourisme au produit intérieur brut par rapport aux années précédentes.
En résumé, Noël et le Nouvel An ne sont plus une simple saison de consommation, mais un laboratoire économique intensif. En Occident, ils sont un test de la confiance des consommateurs et du crédit. Dans le Golfe, ils représentent le sommet d’un modèle économique fondé sur le tourisme et les événements. Dans les pays plus fragiles, ils constituent une courte fenêtre où les économies reprennent leur souffle. Dans tous les cas, les fêtes révèlent une vérité simple : lorsque le temps rencontre la demande, quelques jours valent plus que de longs mois.
KEYWORDS
MENTIONED ENTITIES 4
États-Unis
📍 Location_CountryPays avec des dépenses saisonnières élevées pendant la saison des fêtes
Émirats arabes unis
📍 Location_CountryPays du Golfe connaissant un pic de la saison touristique en fin d’année
Arabie saoudite
📍 Location_CountryPays reposant sur l’économie des événements et le tourisme intérieur pendant la saison des fêtes
Liban
📍 Location_CountryPays du Levant où la diaspora joue un rôle dans la demande saisonnière