Les dirigeants des pays de l'Union européenne se réunissent jeudi pour discuter du soutien financier et militaire à Kiev
L'Union européenne fait face à un test lors du sommet de Bruxelles pour prendre des décisions cruciales sur le soutien à l'Ukraine en utilisant les avoirs russes gelés.
SUMMARY
L'Union européenne tient un sommet à Bruxelles pour discuter du soutien financier et militaire à l'Ukraine, en mettant l'accent sur l'utilisation des avoirs russes gelés et le financement d'un prêt de reconstruction, au milieu de divergences entre les États membres concernant les risques et les garanties requises.
KEY HIGHLIGHTS
- L'Union européenne prévoit d'utiliser les avoirs russes gelés pour soutenir l'Ukraine.
- Des divergences entre les États membres, notamment la Belgique et la Hongrie, sur la prise en charge des risques juridiques et financiers.
- Le président ukrainien Zelensky se rend à Bruxelles pour convaincre les dirigeants européens de l'importance du soutien.
- La présidente de la Commission européenne affirme que le sommet ne se terminera pas sans solution financière pour l'Ukraine.
- Les négociations pourraient s'éterniser pour éviter l'échec du sommet, malgré les critiques antérieures de Trump.
CORE SUBJECT
Soutien à l'Ukraine par l'utilisation des avoirs russes gelés
Bruxelles (Belgique) (AFP) - L'Union européenne est mise à l'épreuve pour prouver sa crédibilité lors d'un sommet de ses dirigeants qui se tient jeudi à Bruxelles, où des décisions décisives et difficiles sont attendues concernant l'utilisation des avoirs russes gelés pour soutenir l'Ukraine.
Les Européens se sont engagés à fournir la majeure partie du soutien financier et militaire à Kiev au cours des deux prochaines années, après la décision du président américain Donald Trump de suspendre l'aide des États-Unis.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré plus tôt cette semaine : « Si nous ne le faisons pas, la capacité de l'Union européenne à agir sera gravement affectée pendant des années, voire plus longtemps ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rend à Bruxelles jeudi pour convaincre ses alliés européens de l'importance de cette décision.
L'Ukraine risque, en l'absence de décision, d'épuiser ses fonds d'ici le premier trimestre 2026.
Après près de quatre ans depuis le début de l'offensive russe contre l'Ukraine, Zelensky a affirmé mercredi que la Russie se prépare à une nouvelle année de guerre, malgré l'accélération des pourparlers basés sur un plan de Donald Trump.
Selon un responsable de la Maison Blanche, une réunion entre émissaires russes et américains est prévue ce week-end à Miami, en Floride.
« Autonomie de l'Europe »
Mais aucun accord de cessez-le-feu n'est en vue. À Bruxelles, deux options sont officiellement proposées aux chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne.
L'Union européenne peut emprunter, mais de nombreux pays sont très réticents à cette option, dont l'Allemagne, tandis qu'au moins un État membre, la Hongrie, y est totalement opposé. Une telle décision nécessite l'unanimité.
L'autre option consiste à utiliser les avoirs russes gelés, dont la majeure partie (210 milliards d'euros) se trouve en Belgique sous le contrôle d'« Euroclear », une institution financière basée à Bruxelles. Ces avoirs pourraient financer un prêt de « reconstruction » de 90 milliards d'euros à Kiev, voire plus si nécessaire.
Une large majorité des pays de l'Union européenne soutient cette option pour une raison évidente : cette solution ne coûte rien aux contribuables, témoigne de l'engagement de l'Europe envers l'Ukraine et envoie un message clair sur l'autonomie décisionnelle à un moment où ces avoirs sont également un enjeu central dans les négociations de paix menées par Washington.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg : « Les avoirs russes peuvent changer la donne pour l'Europe et l'Ukraine », ajoutant : « C'est un moment d'autonomie pour l'Europe ».
Convaincre la Belgique reste nécessaire, car elle a un rôle décisif. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, rappelle sans cesse que son pays ne peut pas supporter seul les conséquences de mesures de représailles juridiques ou financières que Moscou pourrait prendre.
Jeudi, De Wever a réaffirmé cette position en déclarant : « Si nous sautons, nous sautons tous ensemble », demandant des garanties de la part de tous les autres États membres de l'Union européenne pour partager les risques.
Réactions « durables »
Bart De Wever craint des réactions russes qui pourraient être « durables » et réclame une forte protection des intérêts de son pays, y compris à l'intérieur de la Russie.
Ses partenaires estiment que cette demande est disproportionnée. Ils sont prêts à offrir leurs garanties pour un prêt accordé à l'Ukraine, mais ne sont pas disposés à signer un « chèque en blanc », selon un négociateur européen.
Des mécanismes de protection complexes sont en discussion et se poursuivront jusqu'au début du sommet, afin de faciliter un accord entre les dirigeants de l'Union européenne.
Ursula von der Leyen a affirmé jeudi, avant le sommet de Bruxelles, que les 27 pays de l'Union européenne ne quitteraient pas le sommet sans une solution financière pour l'Ukraine.
Elle rejoint ainsi une position exprimée par une source diplomatique ces dernières heures, qui a confirmé qu'« il y aura un soutien financier à l'Ukraine » en toutes circonstances.
Von der Leyen a exprimé son soutien total aux demandes belges selon lesquelles tous les pays de l'Union doivent « partager » les risques liés au « prêt de reconstruction » qui nécessite le financement par l'utilisation des avoirs russes gelés.
La décision d'utiliser les avoirs russes gelés peut être prise à la majorité qualifiée des États membres, théoriquement sans la Belgique et surtout sans la Hongrie, l'État européen le plus proche du Kremlin, qui s'oppose totalement à cette option.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a déclaré mercredi que « ce sont des décisions complexes qui ne peuvent pas être imposées ».
Selon un diplomate à Bruxelles, une solution transitoire pourrait être appliquée en cas d'absence d'accord, car « l'Ukraine ne peut pas attendre ». Mais personne ne sait encore exactement ce que serait cette solution, selon un autre diplomate.
Les négociations risquent donc de s'éterniser.
Le président du Conseil européen, António Costa, qui présidera les discussions, se dit prêt à les prolonger autant que nécessaire pour éviter l'échec du sommet. C'est une éventualité que personne ne souhaite envisager après les critiques de Trump sur la « faiblesse » des dirigeants européens.
KEYWORDS
MENTIONED ENTITIES 12
Friedrich Merz
👤 Person_MaleChancelier allemand
Volodymyr Zelensky
👤 Person_MalePrésident ukrainien
Donald Trump
👤 Person_MaleAncien président américain
Ursula von der Leyen
👤 Person_FemalePrésidente de la Commission européenne
Bart De Wever
👤 Person_MalePremier ministre belge
Giorgia Meloni
👤 Person_FemalePremière ministre italienne
António Costa
👤 Person_MalePrésident du Conseil européen
Euroclear
🏛️ OrganizationInstitution financière basée à Bruxelles contrôlant les avoirs russes gelés
Union européenne
🏛️ OrganizationUnion politique et économique des pays européens
Belgique
📍 Location_CountryPays européen hôte du sommet et détenteur des avoirs russes gelés
Hongrie
📍 Location_CountryÉtat membre de l'Union européenne opposé à l'utilisation des avoirs russes gelés
Miami
📍 Location_CityVille de Floride où une réunion entre émissaires russes et américains est prévue