L'approche prudente caractéristique d'Albanese a montré ses limites après l'attaque de Bondi Beach

Le Premier ministre semble acculé sur son bilan dans la lutte contre l'antisémitisme alors que les critiques de l'opposition s'intensifient. Peut-il réinitialiser le récit et reprendre le contrôle des événements ?

Depuis qu'il a reçu un appel que tout Premier ministre redouterait dimanche soir, Anthony Albanese est prisonnier d'une boucle temporelle d'attentes. Même avant que des tireurs ne ciblent des Juifs célébrant Hanoukka à Bondi Beach, les détracteurs du Parti travailliste affirmaient qu'il n'avait pas fait assez pour freiner la montée de l'antisémitisme.

Et après que les balles ont cessé, le Premier ministre a été dépassé par les événements, plutôt que de les contrôler.

Mais alors que le pays est en deuil et que le jeu politique des accusations s'intensifie, Albanese a tenté de remettre les pendules à l'heure jeudi. Apparu au Parlement alors que les funérailles de Matilda, victime de 10 ans à Bondi, avaient lieu à Sydney, un Albanese humble a reconnu qu'il aurait pu faire plus pour prévenir la tragédie, sans toutefois préciser en quoi cela aurait consisté.

Sans présenter d'excuses, son langage corporel et le choix de ses mots témoignaient du fort retour de bâton ressenti.

« Bien sûr, on aurait toujours pu faire plus », a-t-il déclaré. « Les gouvernements ne sont pas parfaits. Je ne suis pas parfait. »

Albanese a confirmé qu'il allait enfin prendre en compte le rapport de l'envoyée pour la lutte contre l'antisémitisme, Jillian Segal, et a annoncé des plans pour renforcer les lois contre les discours haineux et cibler les groupes extrémistes.

Alors que les États avancent sur les réformes des armes à feu, le gouvernement fédéral renforcera ses pouvoirs pour annuler les visas des personnes semant la division dans la communauté et créera une nouvelle taskforce axée sur le système éducatif. Le Parti travailliste redoublera également d'efforts pour empêcher la propagation de l'antisémitisme sur les réseaux sociaux.

L'approche prudente caractéristique du Premier ministre en matière de gouvernance a montré ses limites depuis la fusillade, laissant la place à la Coalition et aux médias pour critiquer sa réponse à l'attaque terroriste. S'il assiste aux funérailles des victimes à Bondi, il risque d'être hué. L'ancien trésorier Josh Frydenberg a même formulé la demande extraordinaire que le Premier ministre assume la responsabilité personnelle des 15 décès.

Mais la réponse de jeudi n'est pas aussi claire qu'elle pourrait le sembler.

Le rapport de Segal contenait près de 50 recommandations, y compris des propositions irréalisables pour qu'elle surveille la couverture médiatique des diffuseurs publics et conseille le gouvernement sur la suppression des financements aux universités et organisations artistiques qu'elle jugerait insuffisamment engagées à éradiquer la haine envers les Australiens juifs.

Plus de six mois après sa réception, l'équipe d'Albanese a condensé le rapport en 13 thèmes majeurs et affirme que le gouvernement travaillera sur ce plan en consultation avec les dirigeants juifs. Segal poursuit la mise en place d'un système d'évaluation pour les universités et participera au nouveau panel éducatif dirigé par l'homme d'affaires David Gonski.

Les efforts pour couper le robinet d'invectives antisémites et haineuses sur les réseaux sociaux ne réussiront pas, et contrôler les médias et les arts — sans parler des manifestations sur les campus universitaires — risque de porter gravement atteinte à la liberté d'expression, y compris la critique légitime du gouvernement israélien.

La cheffe de l'opposition, Sussan Ley, a accusé Albanese de manquer encore une fois sa cible, qualifiant les plans immédiats du gouvernement de trop peu et trop tardifs.

Ley et d'autres figures de la Coalition s'efforcent d'éviter les critiques selon lesquelles ils politiseraient la tragédie, même s'ils semblent prêts à s'opposer à des restrictions plus strictes sur la possession d'armes à feu et la prolifération des armes dans la communauté.

Une sorte de commission d'enquête sur la tragédie de Bondi est inévitable. Le Parti travailliste devrait prendre l'initiative de décider du moment pour annoncer une telle enquête, en concertation avec le Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud, Chris Minns.

Les demandes de la Coalition pour que le Parlement soit rappelé avant Noël ont été sagement ignorées.

Malgré son empathie évidente, Albanese a eu du mal à endosser le rôle traditionnel des Premiers ministres en temps de crise — celui de chef du deuil. Il a parfois été éclipsé par Minns.

Les défis auxquels Albanese est confronté rendent ses efforts pour remettre les pendules à l'heure sur les réponses législatives aux attaques d'autant plus cruciaux.